Le bonheur dans l’éducation

Tal Ben-Shahar, auteur de l’apprentissage du bonheur, a établi 2 modèles illustrant la manière dont les étudiants se motivent : « la noyade » et « l’acte d’amour ».

Je passe au tableau et je vous explique. 🙂

Le bonheur dans l'éducation

La noyade

Si on vous maintient la tête sous l’eau, vous vous sentirez mal, souffrirez et vous vous débattrez pour vous dégager. Si au dernier moment on vous lâche la tête, vous aspirerez une grande goulée d’air et vous connaitrez quelques secondes de soulagement enivrant.

Ce modèle décrit la vie des étudiants en tant que « fonceur » (voir cet article). Ils agissent sans éprouver aucun plaisir dans le présent en espérant une délivrance future.

Les études sont des corvées et la motivation première est la peur de l’échec.

 

L’« acte d’amour »

Ce modèle inclut un bénéfice immédiat autant qu’à venir.

Le processus d’apprentissage est positif. On prend du plaisir à lire, écouter et progresser chaque jour.

A l’université où l’autonomie est plus importante, il est plus facile d’orienter son choix vers la voie la plus heureuse en décidant de suivre des cours en rapport avec nos valeurs, nos désirs et notre objectif à long terme (une carrière épanouissante).

Dans les plus jeunes années en revanche, parents et enseignants inculquent, même inconsciemment, les notions de rendement et de classement. La réussite se mesure au nombre de bonnes notes et de distinctions alors que le véritable capital suprême est le bonheur.

« A l’école, il faudrait pousser les enfants dans les voies qui leur apportent sens et plaisir.

En mettant l’accent sur le résultat (tangible) plutôt qu’en cultivant l’envie d’apprendre (abstraite), l’école renforce la mentalité de fonceur tout en freinant le développement affectif de l’enfant. »

En effet, les enfants apprennent à oublier leurs émotions et les récompenses affectives en se concentrant sur un résultat concret (les notes).

Nous avions évoqué les intelligences multiples dans un précédent article.

Tal Ben-Shahar rappelle ce que Daniel Goleman en dit dans son livre « l’intelligence émotionnelle » :

« les psychologues s’accordent à dire que le QI entre pour 20% seulement dans les facteurs déterminants de la réussite tandis que 80% restants proviennent d’autres facteurs, notamment ce qu’il appelle l’intelligence émotionnelle. »

Les fonceurs ne rentrent absolument pas dans ce schéma !

 

Ce que peuvent faire les parents et les enseignants pour favoriser l’  « acte d’amour » : visez l’  « état de flux ».

Les parents et les enseignants peuvent agir pour que les enfants prennent du plaisir et obtiennent des bons résultats.

Pour cela, il est nécessaire de favoriser l’Etat de Flux.

Cette notion est née des travaux de Mihaly Csikszentmihalyi qui recommande de créer un milieu propice à l’instauration de plaisir immédiat et de sens (bénéfice présent et futur).

L’Etat de flux (voir cet article autour d’un TEDx de Martin Seligman) est un état où on ne voit pas le temps passer. On est complètement plongé dans notre activité. L’action et la conscience fusionnent.

En état de flux, nous sommes dans notre élément, complètement absorbé.

C’est ce que connaissent les athlètes lorsque qu’ils participent à une compétition. Ils sont concentrés au maximum et donnent le meilleur d’eux-même.

 

Pour atteindre cet état, il est nécessaire de fixer des objectifs.

« Le fait de se représenter clairement sa destination libère l’esprit pour profiter du voyage. »

 

niveau d'aptitude

L’expression : « on n’a rien sans rien » est fausse

 

Selon Mihaly Csikszentmihalyi, l’expression « on n’a rien sans rien » est un mythe.

En réalité, il existe une zone idéale où nous sommes en parfaite possession de nos moyens et où nous éprouvons du plaisir.

Le bon ratio se situe entre un équilibre niveau d’aptitude/difficulté de la tâche.

Pour empêcher les élèves de connaitre l’état de flux, il y a donc 2 méthodes distinctes :

  • instaurer un milieu stressant (modèle de la noyade)

  • faire en sorte que ce milieu ne comporte aucun défi ni effort à fournir (l’ennui)

Du point de vue de l’éducation parentale, ces notions sont très importantes. Nous avons en effet tendance à trop faciliter la vie de nos enfants en les surprotégeant. Ils n’ont alors pas conscience des efforts à fournir pour parvenir à leur fin et n’atteignent pas l’état de flux.

Atteindre des objectifs trop facilement ne contribue pas au bonheur. On peut donc en conclure que l’argent en abondance ne contribue pas à rendre heureux.

Tal Ben-Shahar emploie l’expression de  « défavorisés de l’opulence ».:)

 

Conseils pour les parents : 

– donnez l’occasion à vos enfants de relever des défis desquels ils ressortiront grandis et heureux. Faites-en un jeu, une habitude. 

– Tuez les préjugés entre travail et loisir dès le plus jeune âge.

Le mot « travail » a une connotation négative. Il est associé à la corvée et à l’absence de plaisir. Des modifications de notre manière d’écrire et de parler peuvent faire une énorme différence.

En CP, je me suis rendu compte que mon fils éprouvait un début de blocage pour les problèmes (quel mot horrible !) de math. Dans sa tête, « problème » signifiait : temps limité, note et effort considérable. Bref, les problèmes étaient synonymes de stress et d’absence de plaisir.

Nous avons procédé à trois actions :

  1. Lexique : Nous avons arrêté de parler des « problèmes » en préférant le terme « jeux » (émotion positive immédiate).
  2. Changement de perspective : Nous avons associé ces « problèmes » à des expériences positives et ludiques : énigmes de Fort Boyard, partie de jeu de société…
  3. Ancrage positif : Nous avons capitalisé sur le premier succès dans la résolution d’un problème/jeu en insistant sur le plaisir ressenti face à l’effort lors de la victoire.

 

Besoin d’inspiration pour l’éducation ? Je vous recommande le site Apprendreaeduquer.fr, spécialisé dans l’éducation positive.

 

Pour aller plus loin :

– l’intelligence émotionnelle de Daniel Goleman

vivre la psychologie positive de Martin Seligman

Vivre la pensée positive de Mihaly Csikszentmihalyi

 

 

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