Les inconvénients des punitions

girl-56683_1280Les punitions sont un sujet sensible à en juger par le nombre de commentaires reçus lorsqu’on prône une éducation efficace sans les utiliser.

Je suis moi-même papa et je n’ai jamais pratiqué les punitions. Est-ce que la cause de cette absence de nécessité de punir est le tempérament accommodant de mon fils ou est-ce que obtenir l’adhésion sans punir est la clé du comportement de mon fils ? 

Je penche pour un mélange des deux auquel j’ajoute un facteur déterminant : je m’efforce de donner le bon exemple, notamment en montrant une attitude positive et constructive.

 

Ce que j’appelle une attitude positive et constructive :

1) La gratitude à chaque instant : je suis heureux d’être père.

2) J’apprends à mon fils à exprimer ses émotions et je fais de même.

3) J’écris chaque jour en tenant un journal. Cela permet de prendre du recul, de stopper les ruminations mentales et de se fixer des objectifs pour avancer ou corriger les trajectoires.

4) Je lis et j’échange le plus souvent possible pour apprendre et m’améliorer.

5) J’écoute beaucoup en posant des questions de ce type à mon fils.

6) Je communique en choisissant des expressions constructives.

7) J’utilise des techniques anti-stress  (comme celles-ci ou celle-ci)

8) Je pratique la communication non violente et l’humour « sain ».

9) Je m’inspire de citations et autres textes comme celui-ci.

10) Je suis attentif à l’émergence des forces de mon fils et essaye de lui fournir des outils pour les développer tout en l’encourageant.

 

Quelques questions soulevées dans les commentaires :

Est-ce que le fait de ne pas punir crée des enfants-rois, irrespectueux et colériques ? 

Non, j’en ai la preuve chaque jour.

Est-ce que l’absence de punition complexifie le rôle de parents ?

Non, au contraire. C’est bien plus naturel que ce qu’on peut croire.

 

La bienveillance, une éducation « naturelle »

« C’est bien plus naturel que ce qu’on peut croire. »

Cette phrase est importante car le principal frein à une éducation bienveillante est ce que nous croyons. Ces croyances sont souvent issues de notre propre enfance, de ce que nous avons observé et vécu (ou subi) avec le cortège de mots qui accompagnait les actes de nos parents :

« C’est pour ton bien. »

« Tu es insupportable. »

« On n’en meurt pas d’une petite punition. »

« J’en ai marre de toi ! »

« On te punit car on t’aime. D’autres parents s’en foutent de leurs gamins… »

 

Et même plus tard :

« Si on ne t’avait pas puni, tu aurais fait encore plus de conneries… »

 

Ces quelques lignes étaient très personnelles.

Je vous propose maintenant d’écouter Isabelle Filliozat qui nous décrit les inconvénients des punitions dans le livre « Il me cherche« .

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Les inconvénients des punitions :

– elles s’adressent aux symptômes et non aux causes des problèmes. Ainsi, même si la punition met fin à un acte, elle ne règle pas la question  du déclencheur. Le problème se présentera de nouveau donc.

– elles évitent à l’enfant de faire face aux conséquences de ses actes. Au lieu de se sentir responsable de ses actes et leurs conséquences, ils a l’impression d’avoir payé sa dette en étant puni.

– la punition bloque les capacités de réflexion de l’enfant car elle active le circuit du stress.

– l’enfant se rappellera de la punition (ancrage négatif via les émotions désagréables) mais pas de la cause.

– les punitions enseignent la peur du gendarme et non la responsabilité et l’auto-discipline. L’enfant va ressentir des sentiments négatifs : colère, sentiment d’injustice, crainte…

– elles font honte à l’enfant qui se forgent une image négative de lui-même : je suis une mauvaise personne. C’est une croyance qui persiste longtemps…

– les punitions dégradent l’attachement et la confiance entre parents et enfants. Ainsi, l’enfant comprend que ses parents sont dépassés et impuissants. 

– le peur et la honte que ressent l’enfant puni ou menacé d’être puni inhibent les fonctions cérébrales supérieures, ce qui a un impact sur les performances intellectuelles, la vie émotionnelle et la socialisation.

– les parents perdent progressivement de l’autorité car l’enfant s’aseptise peu à peu pour se protéger (« je m’en fiche ») et qu’il y a donc une escalade dans la sévérité des punitions pour maintenir leur « efficacité ». 

– les punitions sont souvent disproportionnées et irrationnelles car émises sous le coup de la colère (qui déconnecte les capacités de réflexion).

 

Conseils lectures :

5 réponses

  1. Sébastien dit :

    Bonjour, sujet fort constructif et positif. Il est facile d’en parler, d’échanger. mais de mettre en pratique, c’est autre chose. Chacun réagit selon sa situation du moment, une bonne et forte présence (être là, sans penser à rien d’autre) du parent est vraiment importante pour une réaction adéquate en vers l’enfant.

  2. Lalie dit :

    Le Papa qui explique comment il fait avec son fils, n’en a qu’un… Donc pour moi, ce n’est pas un bon exemple, il y a très peu de difficulté et d’enjeu à n’élever, éduquer qu’un seul enfant… Dans mon entourage, je le vois constamment, la relation couple avec un seul enfant, c’est facile, si les-dits parents ne se posent pas trop de question existentielle. Tout se complique, ou devient plus difficile à gérer lorsqu’il y a 3 ou plus, avec des ages différents, des grossesses….Enfin une vie de « grande famille », et là c’est l’autorité qui est de mises sans être maltraitant. Dans ces familles avec plus d’un enfant, il doit y avoir des règles qui doivent être comprises et respectées par tous, au prix de punition s’il le faut, car c’est fermeté et respect des règles de la maison. Ainsi tout le monde se développe individuellement (et harmonieusement) dans une micro société (ainsi bonne sociabilisation, bonne capacité d’adaptation….)
    Enfin bref, moi j’en assez de lire des textes de psycho, dont on ne sait pas s’ils ont élevé des enfants, combien, et quels adultes ils sont devenus…
    De ces « familles » à un enfant, qui donnent des leçons d’éducation, « mdr », comme on dit maintenant…

    • Jeff dit :

      Les punitions sont inefficaces et néfastes du point de vue psychologique. C’est prouvé, éprouvé et il n’y a pas de notion de nombre d’enfants/d’élèves. Que vous ayez envie de garder vos croyances, très bien, je respecte. Et que vous continuiez à vouloir les alimenter en interprétant votre expérience et en dénigrant autrui est tout à fait logique. Une éducation positive implique fermeté et bienveillance mais il n’y a pas de place pour la violence, les menaces ou les punitions. C’est ainsi. A 2, 3, 5 ou 10 enfants. C’est une manière d’être, validée par de très nombreuses familles/institutions et appuyée par les neurosciences. On peut donc soit critiquer cette approche bienveillante, soit la tester.
      Une petite citation d’Isabelle Filliozat pour finir : « si les punitions éduquaient, il y a belle lurette que l’espèce humaine ne commettrait plus de crime » .
      Voici un pdf gratuit sur la discipline positive : http://papapositive.fr/la-disciple-positive-au-quotidien-telechargement-pdf-gratuit/

  3. Virginie dit :

    J’ai choisi d’avoir 3 enfants et oui c’est bien plus compliqué au quotidien que mes 5 années avec 1 seul enfant…
    Ça nous demande des heures de discussion et réflexion pour trouver comment trouver le bon fonctionnement de parent avec chacun de nos enfants
    Oui j’ai esquissé un sourire en lisant que Jeff a 1 enfant et y arrive si bien
    Mais je tente de m’inspirer de son expérience pour améliorer notre quotidien
    Aujourd’hui c’est la gratitude, dès demain je les honore davantage
    Merci Jeff

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