Peur de rester seul(e), peur de parler en public, peur des lieux publics…comment les soigner ?

Dans le livre « Dépasser les limites de la peur« , Giorgio Nardone, éminent psychologue et psychothérapeute italien, nous détaille de quelle façon il parvient à soigner les peurs et phobies de ses patients. Sa démarche est étayée par des preuves scientifiques puisque des tests ont été menés et les résultats sont reproductibles. Les thérapies qu’ils proposent sont brèves et peu contraignantes pour celles et ceux qui souffrent de phobies ou de peurs.

J’ai choisi de vous décrire 3 cas : la peur d’être seul(e), la peur de parler en public et la peur de s’éloigner.

Vous noterez que le fil conducteur est une confrontation astucieuse à la peur car l’évitement a pour conséquence un renforcement de la peur.  Ce dernier est donc à proscrire.

 

La peur d’être seul(e) : dépendance pathologique

Giorgio Nardone nous décrit le cas d’une patiente incapable de s’éloigner de son conjoint, du fait d’une peur incontrôlée de rester seule et de ne pas pouvoir s’en sortir, même pour un bref instant.

Cette peur était issue d’une précédente attaque de panique.

Pour l’aider à surmonter cette peur, le psychologue lui a demandé de suivre ces directives :

« Lorsque vous réclamez l’aide de votre mari et que vous l’obtenez, pensez à ces deux messages :

« Je t’aime, je t’aide et je te protège. »

« Je t’aide car, seule, tu n’y arrives pas parce que tu es malade. »

Ces affirmations font émerger la peur de demander de l’aide avec la prise de conscience de l’ aggravation de l’état induit par le sujet.

Cette confrontation entre les deux peurs (peur de demander et peur de rester seule) a eu un effet très positif puisque la femme a sollicité de moins l’aide et la présence de son mari. Elle est parvenue à rester seule à plusieurs reprises et à se sentir de plus en plus en confiance et responsable d’elle-même.

 

La peur de parler en public

Un homme de 40 ans, conférencier de profession, s’est mis tout à coup à ressentir une profonde peur de parler en public.

Voici comment l’a accompagné Giorgio Nardone :

Il lui a demandé de raconter la situation initiale pendant laquelle la peur est apparue la première fois.

« Cela avait commencé lorsque, à la suite d’un spasme abdominal, il avait été contraint d’annuler son intervention à un colloque. Depuis il avait peur que cela se reproduise. Donc il s’était mis à essayer de contrôler ses réactions avec une volonté accrue ce qui a eu pour effet de modifier ses réactions et de les ancrer dans son comportement, alimentant une prophétie auto-réalisatrice. Ce qu’il redoutait et ce pour quoi il tentait de résister se produisait. »

Voici les conseils de Giorgio Nardone :

« – Durant les prochaines sorties en public, juste avant une conférence, durant l’heure qui précède cette conférence, efforcez-vous de vous concentrer sur tout ce que votre imaginaire pourra produire de pire et focalisez-y toute votre anxiété pour évacuer celle-ci.

Puis, en introduction du passage devant le public, dites ceci :

« Chers collègues, je vous prie de m’excuser par avance si, durant la conférence, il m’arrive de rougir, de transpirer ou de perdre le fil de mes propos car, dernièrement, je ne suis pas en grande forme. » »

 

Cette vulnérabilité exposée publiquement et l’acceptation de l’anxiété (y compris physiquement) ont permis à ce conférencier de dépasser son blocage.

 

La peur de s’éloigner ou de sortir de chez soi

Il s’agit d’une peur différente de celle de rester seul(e) puisqu’elle inclut une notion d’espace et d’éloignement d’un lieu sécurisant.

Une jeune parisienne est venue consulter Giorgio Nardone avec sa mère car elle ne parvenait pas à quitter des lieux sûrs seule. La simple idée de le faire la plongeait dans une grande panique.

Le psychologue lui a dit qu’ils devaient d’abord connaître les limites de l’apparition de la peur.

Voici ce qu’il lui dit :

« Chaque jour, à la même heure, tu sortiras avec ta mère ou ton petit ami et tu te dirigeras vers un lieu spacieux aux grandes avenues. Une fois arrivée, laisse la personne qui t’accompagne au point le plus visible, puis éloigne-toi en marchant jusqu’au point où la peur commencera à s’emparer de toi puis arrête-toi. Tu ne dois pas aller au-delà. Tourne-toi alors vers ton point de retour et, avant d’y revenir, attends une minute, durant laquelle je voudrais que tu te concentres pour relever et mesurer toutes tes réactions d’anxiété et de peur, que tu noteras sur un calepin afin de me les communiquer. Ensuite, avant de recommencer à marcher en direction de la personne qui t’attend, fait 10 pas dans l’autre sens, en marchant le dos tourné.

Chaque jour, tu répéteras cet exercice dans un endroit distinct et dans différentes directions, ainsi nous parviendrons à bien connaître tes limites et nous saurons si elles se modifient ou au contraire se maintiennent. »

Cette première étape est un solide début de thérapie puisque, sous couvert de mesures, la patiente côtoyait déjà sa peur et en repoussait les limites en s’éloignant de plus en plus.

Après plusieurs semaines d’entrainement, le psychologue passa à 50 pas dans l’autre sens avec une attente de 2 minutes lorsque la limite était atteinte.

Puis ce fut 5 minutes d’attente et 100 pas en avant ou en arrière.

Enfin, le jeune fille eut toute liberté de gérer ses éloignements seule.

Elle se rendit compte que sa phobie avait disparue.

 

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