10 raisons de stopper les punitions + 12 alternatives

Les punitions ne sont pas un outil éducatif. Et ce pour au moins 10 raisons que nous livre Isabelle Filliozat sur son site :

  • Elles s’adressent aux symptômes, et non aux causes des problèmes. Et rien que pour cela, chacun devrait les éviter. Comme le problème ne sera pas résolu, il ne manquera pas de se manifester à nouveau par d’autres comportements déviants, entraînant fatalement une escalade.
  • Elles évitent à l’enfant de faire face aux conséquences de ses actes et donc l’éloignent du sentiment de responsabilité. Comme l’enfant « paye » par la punition, il se vit comme exonéré de la faute, et ne s’y attarde donc pas davantage.
  • Les émotions causées par la punition stimulent le circuit de stress et empêchent l’enfant de réfléchir à ce qu’il a fait. La mémoire fonctionne, oui, mais l’enfant mémorisera le stress, la crainte, la colère, et non pas ce qui aura déclenché la punition.
  • Les punitions n’enseignent que la peur du gendarme et non pas responsabilité et autodiscipline. Elles empêchent la prise de conscience des conséquences de l’acte commis en détournant l’attention de l’enfant vers des sentiments négatifs à l’égard du parent : sentiment d’injustice, colère, crainte…
  • Elles font honte à l’enfant et donc bloquent plus encore le processus sain du sentiment de culpabilité qui aurait permis de prendre conscience de l’acte commis au profit du sentiment d’être mauvais en tant que personne. Lequel sentiment n’apportera bien évidemment aucun progrès.
  • Elles altèrent l’attachement et la confiance dans la relation parent-enfant, et « vident » le réservoir de l’enfant, posant ainsi les conditions d’un nouveau dépassement de bornes.
  • La peur et la honte engendrées par les punitions inhibent les fonctions cérébrales supérieures, ce qui a un impact sur les performances intellectuelles, la vie émotionnelle et la socialisation.
  • Les parents punissent parce qu’ils sont dépassés et impuissants. L’enfant le perçoit et perd confiance en ses parents, cela l’insécurise, et cette insécurité se manifestera par davantage de comportements déviants.
  • Le parent perd de l’autorité progressivement, d’une part parce que l’enfant finit par se protéger de ses sentiments désagréables par un « Je m’en fiche » et d’autre part parce que, du fait de leur inefficacité sur le moyen et long terme, les punitions doivent être de plus en plus sévères. Punir n’est pas manifester son autorité. Nous punissons par manque d’autorité !
  • De plus, les punitions étant souvent infligées sous le coup de l’exaspération, elles sont souvent irrationnelles, disproportionnées et sans rapport avec le comportement problème.

 

12 alternatives aux punitions

Au lieu de punir on peut :

 

  • Découvrir le besoin de l’enfant

    Les comportements « inacceptables » du point de vue des parents sont en réalité des tentatives de satisfaction de ses besoins pour un enfant. C’est donc sur ce besoin qu’il est essentiel de concentrer notre réflexion et nos actions. La punition s’attaque aux conséquences (le comportement désapprouvé) mais non à la cause (le déclencheur de ce comportement). Cette recherche du besoin, plus difficile dans les premières années, est facilitée avec l’apprentissage du langage car il « suffit » alors d’écouter avec empathie et de questionner pour comprendre.
    OUTIL : les pictogrammes des besoins sous forme d’affiche.

  • Faire un échange en réorientant l’attention

    Si un enfant s’amuse avec un objet fragile, plutôt que de stopper son geste, de retirer brutalement l’objet, de crier et de s’exposer par là-même à une tempête émotionnelle contagieuse, substituez calmement l’objet du jeu à un autre acceptable. Ainsi, l’enfant pourra continuer à se divertir.

  • Modifier l’environnement

    Si vous répétez souvent les mêmes messages/interdits à votre enfant relatifs à des éléments de l’environnement, c’est qu’il est peut-être temps de se faciliter la tâche en modifiant l’environnement même.
    Si vous ne souhaitez pas qu’il touche à la télécommande, mettez-la hors de portée et disposez des sources d’exploration et de jeu au niveau de l’enfant. De la même manière, il est intéressant de délimiter une surface de jeu sécure (avec des gros coussins par exemple). Dans la même logique, si le coucher est compliqué, créez un environnement calme et apaisant : lumière douce, musique apaisante en sourdine, un livre de conte prêt à être lu, un rituel de gratitude, etc. La TV, les tablettes et autres activités excitantes n’ont pas leur place à ce moment-là.
    Idées d’adaptation de l’environnement :
    – utiliser des verres et des tasses en plastique
    – mettre sous clé les médicaments et autres objets dangereux
    – fermer les portes

  • Emettre un message « je » au lieu de « tu » de réaction (après un comportement)

    Le message « je » est très puissant. Il consiste à remplacer un reproche ou une accusation (sources de stress, de culpabilité et à l’origine de comportements de défense) par un message « je » précédé d’un descriptif de ce que nous voyons (sans porter aucun jugement).
    « Quand le volume de la télévision est trop élevé, je ne peux parler à papa. » Ainsi, l’enfant comprend que son aide est requise et l’adulte prend la responsabilité du problème tout en exprimant son propre ressenti.
    Les inconvénients de message « tu » : quand on dit par exemple « tu m’énerves », « tu me rends fou/folle », « tu m’as donné mal à la tête avec tes bêtises » :
    – on néglige/ignore les besoins d’autrui
    – on fait naitre la culpabilité et on blesse
    – on suscite l’envie de riposter sur le même ton et avec la même méthode d’avilissement
    – on déclenche des oppositions, des insultes et des disputes avec leur lot d’émotions désagréables
    – on affaiblit le lien affectif et on génère de l’insécurité
    OUTIL : le bonhomme OSBD

  • Emettre un message « je » au lieu de « tu » de prévention (avant un comportement)

    L’expression avec un message « je » responsabilise et développe l’autonomie de l’enfant. Il est encore plus efficace AVANT qu’un comportement ne se produise. En effet, cela permet à l’enfant de visualiser une situation future et de réfléchir aux solutions « acceptables ». Il s’agit tout simplement d’une demande appuyée par une expression émotionnelle.
    « J’aimerais que tu me préviennes lorsque tu ne prévois pas de rentrer tout de suite après l’école. Je me sentirai plus sereine. »
    Cette anticipation peut aussi prendre la forme de règles établies en collaboration avec l’enfant et affichées pour pouvoir s’y référer. L’enfant participe à l’élaboration et est donc plus engagé ainsi.

  • Ecouter l’enfant et faciliter la verbalisation émotionnelle

    Avant de parler, écoutons et montrons une attitude empathique pour permettre aux émotions excessives (qui bloquent les capacités de raisonnement et de mémorisation de l’enfant) d’être libérées. Ecoutons donc et reformulons ce que nous entendons. Vous trouverez un exemple dans cet article sur l’écoute active.

  • Proposer des choix et convenir d’une solution qui satisfait tout le monde

    Afin de guider l’enfant vers une solution acceptable, proposez-lui des choix ou des solutions. Ainsi il sera plus engagé dans l’action (motivation intrinsèque).

  • Décrire les conséquences de ses actes

    Pour qu’il comprenne lui-même ce qui va se passer, décrivez sans menacer ni juger les conséquences possibles de ses actes. Ainsi, il avisera, réfléchira, et apprendra encore plus vite à décider et agir différemment

  • Mettre en place des routines

    Affichez un tableau des routines quotidiennes conçu avec votre enfant qui s’y référera en toute autonomie.

  • Parler « positif »

    Au lieu de dire « ce qu’il ne faut pas faire », expliquez ce que vous attendez que votre enfant fasse. Donnez-lui la règle et non l’interdit. Encore mieux : montrez ce que vous attendez, faites ensemble ensuite et assurez-vous que tout est clair en invitant à tester en direct.Ce tableau peut vous guider.

  • Permettre à l’enfant de réparer ses erreurs

    « La carafe d’eau est renversée ? De quoi as-tu besoin pour nettoyer ? » La réparation est un excellent moyen d’apprendre pour les enfants.

  • Jouer

 

 

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