Le surmoi, notre juge intérieur… : comment le démasquer et le reprogrammer pour une vie épanouie ?

Le surmoi, selon Saverio Tomasella, est une « surveillance intérieure », un organe critique, siège du jugement, le tribunal intime de tous nos procès, contre nous-mêmes dans un premier temps, mais aussi contre les autres.

Car, nous ne tolérons pas chez quelqu’un ce que nous ne supportons pas chez nous…

Le surmoi est un frein à notre épanouissement personnel car il dicte nos comportements. Voyons maintenant ce qu’il contient et s’il est possible de le modifier ou d’en amplifier certains aspects positifs.

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La cartographie de l’esprit humain de Sigmund Freud

C’est Sigmund Freud qui a introduit cette notion de surmoi à travers une cartographie de l’esprit humain. Il décrit l’existence de trois instances :

  • le ça : c’est l’inconscient primaire. C’est le lieu où naissent les pulsions (comme celle de téter en se cramponnant à sa mère dès la naissance).
  • le moi : il est partiellement conscient. C’est l’adaptation sociales de la personne, le siège de la rationalité, de l’affirmation et des images de soi. Il agit en fonction de la réalité, des pulsions issues du ça et des requêtes du surmoi. Il construit des mécanismes de défense principalement inconscients.
  • le surmoi : il est majoritairement inconscient et exerce une fonction critique et de contrainte. Il s’enracine dans le ça et est donc peu accessible à la conscience. Le surmoi désigne la structure esthétique (beau/laid), idéale (prescriptions/proscriptions), judiciaire (récompenses/punitions), morale (bien/mal) et sociale (valorisé/dévalorisé).

 

Comment se façonne le surmoi ?

Dès la naissance, le surmoi commence par réguler les pulsions. Il les contient ou les limite. Ensuite, le surmoi s’alimente en intégrant des figures d’autorité :

  • éducation parentale
  • éducation scolaire

Pour l’enfant, cette internalisation est un moyen de devenir autonome en s’appuyant sur un règlement interne plutôt qu’externe.

Comme les expériences vécues par les enfants sont différentes (comportements et mode d’éducation des parents évoluent dans le temps, enseignants variées, etc.), il y a autant de surmois que d’enfants.

Il existe un autre courant qui façonne le surmoi au cours de la croissance : l’environnement culturel et social (dont la TV et la pub par exemple). Ne le négligeons pas car cela contribue beaucoup à cet « inconscient collectif »…

 

Comment savoir quand c’est le juge qui s’exprime ?

Les expressions suivantes dénotent de sa présence.

 

« il faut/il ne faut pas »

« toujours/jamais »

« Tout le monde est… »

« on doit/on ne doit pas »

« je suis obligé »

« je ne peux pas faire autrement »

« il n’y a qu’à »

« C’est comme ça… »

« cela ne se fait pas »

« c’est normal »

« totalement »

« absolu »

« pur »

« parfait »

« nul »

Les 5 « souffleurs » du surmoi

Par « souffleur », j’entends les différentes voix du surmoi. Elles sont parfois souvent discordantes

 

Le gouvernement prohibitif : ce sont les interdits posés pendant l’enfance. Ils génèrent de la honte et de la culpabilité.

Le directoire, maitre de la jouissance : il encourage l’assouvissement des pulsions, immédiates si possible. C’est au détriment des autres car cela pousse à l’égocentrisme et à la manipulation.

Le régime sadique : qui s’illustre par la phrase « soumets-toi ». Il peut induire du masochisme.

La tour de contrôle idéaliste : sa phrase est « sois parfait ». Il est à l’origine de tendances à l’autodénigrement et au déficit d’estime de soi. De plus, c’est une entrave à une vie sociale épanouie.

Le conseil protecteur : C’est le côté « bienveillant » du surmoi. Ces phrases sont : « aie confiance », « continue comme ça ! » « fais au mieux pour toi ! », « félicitations ! » « prends ton temps ! » « tiens bon ! »… Cette partie protectrice du surmoi permet de prendre du recul, de sourire, de faire preuve d’humour, d’être en paix avec soi-même et avec les autres.

 

Comment « reprogrammer » son surmoi ?

Voici quelques idées pour reprogrammer notre surmoi et créer une nouvelle voix intérieure, plus calme et bienveillante. Soyez patients, les racines remontent à l’enfance :

  • Prise de conscience : Le fait de décrire le surmoi comme nous venons de le faire est un premier pas vers la prise de conscience.
  • Le second pas est la correction de notre langage externe et interne : bannissons les expressions listées plus haut. Parlons moins si nécessaire.
  • L’émergence des influences et leur réfutation : se questionnons-nous sur les personnes et les environnements qui ont nourri les aspects les plus douloureux et contraignants de notre surmoi. Puis remettons en cause leurs messages et remplaçons-les par une éthique personnelle (et non une morale imposée).
  • Accueillons nos émotions. Apprenons à leur faire confiance pour prendre des décisions et agir. Exprimons-les.
  • Découvrons nos forces et nos valeurs. Celles qui nous font ressentir de la joie, pas celles qu’on nous a imposées (ou les étiquettes qu’on nous a collées) (les forces sont ici, les valeurs ici).
  • Devenons notre meilleur ami : protecteur et bienveillant, le meilleur ami que nous allons devenir pour soi souhaite notre bonheur. Que me conseillerait-il à ce moment de ma vie ? Et n’oublions pas que la bienveillance envers soi-même est une étape incontournable de la bienveillance envers les autres.
  • Changeons nos croyances : lisez cet article pour vous inspirer de croyances positives et celui-ci pour dépister nos croyances limitantes.
  • Pratiquons la méditation pleine conscience et la pleine conscience dans nos actes quotidiens. C’est le meilleur moyen de calmer le mental. (voir ces exercices).
  • Reconnaissons nos faiblesses. Voir cet article.
  • Inspirons-nous d’écrits bienveillants et de communication non-violente (voir cet article ou celui-ci pour les parents)
  • Donnons-nous des permissions (voir cet article).
  • Soignons notre enfant intérieur (voir cet article).

 

Pour les parents

En rédigeant cet article, je me suis rendu compte que le surmoi issu d’une éducation bienveillante favorise le pilier « conseil protecteur » est contribue donc à l’épanouissement des enfants tout en renforçant leurs comportements pro-sociaux.

Les punitions, chantages, menaces, insultes, ordres,… inculquent un surmoi douloureux et contraignant via un renforcement des quatre premiers piliers : gouvernement prohibitif, directoire, régime sadique, contrôle idéaliste au détriment du cinquième, le conseil protecteur.

 

Source :

« Le surmoi » de Saverin Tomasella (disponible sur Amazon).

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