Nos 6 profils émotionnels (et comment les modifier)

Selon Richard Davidson, professeur de psychologie, le style émotionnel comporte six dimensions qui ont été établies grâce à la recherche actuelle en neurosciences. Ces styles émotionnels sont liés au cortex préfrontal et non uniquement au système limbique, information fondamentale et révolutionnaire qui implique aussi que nous n’avons pas tous le même cerveau et qu’il ne peut exister de recettes efficaces pour tous comme semblent le prétendre les gourous du développement personnel.

« Chacun a son propre style émotionnel. C’est-à-dire une constellation de réactions et de manières de faire face, qui diffèrent par leur nature, leur intensité et leur durée. »

Ces styles émotionnels sont des manières récurrentes de réagir aux expériences vécues. Ainsi, un style prédestinera à ressentir plus souvent certains états émotionnels, traits émotionnels et humeurs. Une humeur étant une émotion qui persiste pendant des heures ou des jours (alors qu’une émotion dure quelques secondes).

Les styles émotionnels ont une « signature cérébrale » spécifique issue de l’héritage génétique et des expériences vécues. Ils ont d’ailleurs été établis grâce à la recherche actuelle en neurosciences qui a aussi démontré qu’il sont modifiables (neuroplasticité) en cultivant consciemment certaines qualités et des habitudes mentales.

Il est important de savoir que le style émotionnel est constitué de 6 dimensions qui sont présentes en nous (et plus précisément dans les zones de notre cerveau) et plus ou moins actives et développées selon notre bagage générique, les situations et notre « histoire » personnelle. Notre tempérament et notre personnalité sont une combinaison de ces 6 dimensions du style émotionnel.

Les voici avec la zone du cerveau concernée :

la Résilience : la vitesse à laquelle vous surmontez les difficultés (Forte : Cortex préfrontal gauche/ Faible : Cortex préfrontal droit + connexion entre Cortex préfrontal et Amygdale respectivement forte et faible)

– la Perspective : la persistance de vos émotions positives ( activité forte dans cortex préfrontal et noyau accubens)

– l’Intuition sociale : la capacité à repérer les signaux sociaux envoyés par votre entourage (activité forte du Gyrus fusiforme et faible de l’amygdale pour un cerveau socialement intuitif)

– la Conscience de soi : la faculté de percevoir les sensations corporelles qui reflètent les émotions (l’insula);

– la Sensibilité au contexte : l’art d’adapter vos réactions émotionnelles au contexte ( l’hippocampe);

– l’Attention : la capacité de se concentrer avec clarté et précision (cortex préfrontal)

Et si nous corrélons les cinq grands traits de personnalité (BIG FIVE) communément établis comme modèles par la psychologie, nous retrouvons ces dimensions :

  • Une personne très ouverte aux expériences nouvelles possède une forte Intuition sociale. Elle est aussi très consciente de soi et tend à avoir une Attention très concentrée ;
  • Une personne dotée d’une forte capacité de contrôle possède une Intuition sociale développée, une Attention concentrée et une vive Sensibilité au contexte ;
  • Une personne extravertie est réactive face à l’adversité, et donc « rapide à récupérer » en termes de Résilience. Elle garde une Perspective positive ;
  • Une personne aimable a une très fine Sensibilité au contexte et une forte Résilience ; elle tend aussi à conserver une Perspective positive ;
  • Une personne négative, émotionnellement instable est lente à récupérer face à l’adversité. Elle a une Perspective sombre, négative, est relativement insensible au contexte, et dotée d’une Attention peu concentrée.

Voici d’autres exemples :

  • Impulsif : combinaison d’une Attention non concentrée et d’une faible Conscience de soi ;
  • Patient : combinaison d’une forte Conscience de soi et d’une vive Sensibilité au contexte. Savoir que, quand le contexte change, d’autres choses changent aussi, aide à se montrer patient ;
  • Timide : combinaison d’une lenteur à récupérer (Résilience limitée) et d’une faible Sensibilité au contexte. À cause de cette insensibilité au contexte, timidité et méfiance persistent en dehors des situations où elles pourraient sembler normales ;
  • Anxieux : combinaison de la lenteur à récupérer, de la Perspective négative, d’un haut degré de Conscience de soi et d’un manque de focalisation, en termes d’Attention ;
  • Optimiste : combinaison de la rapidité à récupérer et de la Perspective positive ;
  • Malheureux chronique : combinaison de la lenteur à récupérer et d’une Perspective négative. L’individu peut éprouver des émotions positives mais, après un revers, rester prisonnier d’émotions négatives.

Comment faire évoluer notre style émotionnel

Comme nous l’avons évoqué plus haut, nous pouvons modifier nos styles émotionnels et transformer ainsi nos circuits cérébraux.

 

Voici quelques idées puisées dans le livre :

PERPECTIVE :

Chaque jour pendant une semaine, faites ces trois exercices :

• Notez l’une de vos qualités et une qualité d’une personne avec qui vous avez interagissez régulièrement. Faites cela trois fois par jour. Dans l’idéal, changez de caractéristique chaque fois, mais si ne trouvez rien d’autre que le côté « serviable » de votre collègue de bureau, ce n’est pas grave.

• Exprimez régulièrement votre gratitude. Faites attention lorsque vous dites « merci ». Regardez droit dans les yeux la personne que vous remerciez et efforcez-vous de ressentir le maximum de gratitude authentique. Tenez votre journal ; tous les soirs, notez le nombre de fois où vous avez éprouvé une connexion réelle, même brève, avec une autre personne alors que vous exprimiez de la gratitude.

• Complimentez régulièrement les autres. Cherchez les occasions de le faire, comme quand une mission a été bien accomplie sur votre lieu de travail, quand votre voisin a embelli son jardin, ou même quand une inconnue porte un manteau magnifique. Regardez droit dans les yeux la personne que vous complimentez. Dans votre journal, notez le nombre de fois où vous avez éprouvé une connexion réelle avec la personne que vous complimentiez.

 

CONSCIENCE DE SOI

Voici une méditation simple pour développer la conscience de soi :

• Choisissez un moment de la journée où vous êtes particulièrement vif et éveillé. Asseyez-vous, par terre ou sur une chaise, en maintenant le dos droit et en gardant une posture détendue mais ferme, afin de ne pas vous endormir.

• Maintenant, concentrez-vous sur votre respiration, sur les sensations qu’elle distille dans votre corps. Remarquez les mouvements de votre diaphragme chaque fois que vous inspirez et que vous expirez.

• Focalisez-vous sur le bout de votre nez, en notant les différentes sensations qu’entraîne chaque respiration.

• Quand vous remarquez que vous avez été distrait par des pensées ou des sentiments sans rapport avec l’exercice, ramenez simplement votre attention sur votre respiration.

 

ATTENTION

 • Trouvez un petit objet.

 • Focalisez toute votre attention sur cet objet. Maintenez votre regard fixé dessus.

 • Si votre attention s’égare, tentez de la ramener en douceur vers cet objet.
Faites cela tous les jours, au départ pendant une dizaine de minutes.

 

RÉSILIENCE

• Visualisez aussi nettement que possible une personne qui souffre. Cela peut être un parent ou un ami qui est malade, un collègue qui a des soucis au travail, un voisin dont le couple bat de l’aile. Plus proche est cette personne, plus claire et plus forte sera la visualisation. (Si vous avez la chance de ne connaître personne qui souffre, essayez de visualiser un type d’individu, un enfant qui meurt de faim au Soudan, un pauvre qui fouille les ordures à Delhi ou un patient atteint du cancer à l’hôpital.)

• Chaque fois que vous inspirez, imaginez que vous absorbez la souffrance de cette personne. Ressentez-la dans votre chair : tout en inspirant, imaginez que sa douleur et son angoisse entrent par vos narines, remontent votre nez et descendent dans vos poumons. S’il est trop difficile d’imaginer que vous vous emparez physiquement de cette souffrance, imaginez qu’elle sort de la personne chaque fois que vous inspirez. Quand vous inspirez, représentez-vous la douleur et l’angoisse qui quittent le corps de cette personne comme le brouillard est chassé par un beau soleil.

• Chaque fois que vous expirez, imaginez que cette souffrance se transforme en compassion. Dirigez cette compassion vers la personne : imaginez votre souffle qui s’avance vers elle, comme un don d’empathie et d’amour qui l’enveloppera et pénétrera en elle pour calmer sa douleur.

 

INTUITION SOCIALE

• Pour renforcer votre sensibilité aux indices vocaux de l’émotion, quand vous êtes dans un lieu public comme le métro, un café, un magasin où des gens bavardent entre eux, ou encore un terminal d’aéroport, fermez les yeux et prêtez attention aux voix qui vous entourent. Écoutez certaines voix, concentrez-vous non sur leur contenu mais sur leur ton.

• Décrivez ce qu’exprime ce ton : sérénité, joie, attente enthousiaste, anxiété, stress, etc. Faites le test en fermant les yeux, puis rouvrez-les pour vérifier comment évolue la situation réelle. Un tête-à-tête interrompu par le départ brusque de l’un des deux interlocuteurs a sans doute été caractérisé par des émotions négatives plutôt que positives.

• Maintenant, faites la même chose en observant les postures et le langage du corps. Quand vous écoutez une conversation, notez comment les interlocuteurs s’orientent l’un vers l’autre, s’ils sont assis ou debout, quels gestes ils font.

• Choisissez un vecteur de communication non verbale – intonation, langage du corps – sur lequel vous vous concentrez pendant une journée entière. Dans le métro, au travail, quand vous observez votre famille, vos amis ou vos collègues, recherchez les occasions de vous détacher de la situation, ne serait-ce qu’une minute, pour être observateur et non participant. Et entraînez-vous aux trois premières étapes décrites ci-dessus, en vous concentrant sur le vecteur choisi.

• Le lendemain, changez de vecteur et répétez l’exercice.

 

SENSIBILITÉ AU CONTEXTE

Voici un exemple d’exercice basé sur un source d’anxiété (un patron « énervant »)

• Dressez la liste des éléments et des comportements qui vous perturbent chez votre patron. Peut-être se plante-t-il devant vous à intervalles réguliers. Peut-être vient-il traîner près de votre bureau vers 16 h 55, pour être sûr que vous ne partez pas avec une minute d’avance. Peut-être juge-t-il de façon impitoyable tous les travaux que vous lui soumettez. Soyez aussi exact et détaillé que possible.

• Ensuite, dans un contexte sécurisant (chez vous, le week-end), convoquez peu à peu, délicatement, des images mentales associées à votre patron. Représentez-vous exactement à quoi il ressemble lorsqu’il vous observe à la fin de la journée. Imaginez son visage lorsqu’il lit vos rapports.

• En même temps, faites un exercice de respiration profonde. Continuez jusqu’à ce que vous vous sentiez à l’aise et détendu alors même que vous imaginez le visage furieux de votre patron et sa façon de se planter devant vous. Consacrez un quart d’heure à cet exercice.

 

Source : « Les profils émotionnels » de Richard Davidson

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