Comment l’école tue la créativité (et quelques propositions pour améliorer la situation)
Aujourd’hui, je souhaitais échanger avec vous sur le système éducatif et sa propension à (notamment) brider la créativité des élèves.
Nous nous appuierons sur la retranscription de cette vidéo TEDX de Ken Robinson, auteur de « L’élément : quand trouver sa voie peut tout changer ».
Les enfants ont des capacités extraordinaires pour créer et nous les gaspillons sans vergogne…
Les enfants n’ont pas peur de se tromper. Alors ils tentent. Même lorsqu’ils ne savent pas, ils essaient.
« J’ai entendu une super histoire récemment — J’adore la raconter — d’une petite fille qui était à un cours de dessin. Elle avait six ans et elle était au fond de la classe, en train de dessiner. Sa maîtresse disait que cette petite fille d’habitude avait du mal à se concentrer, pourtant, elle l’était à ce cours de dessin. La maîtresse fascinée, est allée la voir et lui a demandée, « Qu’es-tu en train de dessiner? » Et la petite fille lui a répondu, « Je fais un dessin de Dieu. » La maîtresse lui dit alors, « Mais personne ne sait à quoi ressemble Dieu. » Et la petite fille répond, « Ils le sauront dans une minute. »
Si notre système éducatif était visité par un martien, et qu’il demandait « A quoi ça sert, l’enseignement public? » Je pense qu’on devrait conclure, que ceux qui réussissent, qui font tout ce qu’on attend d’eux,qui ont tous les bons points, qui sont les gagnants — Je pense qu’on devrait conclure que le but final de l’enseignement public à travers le monde est de produire des professeurs d’université. Ce sont eux qui arrivent premier. «
Ken Robinson fut l’un d’entre eux.
Notre système éducatif est basé sur la notion d’aptitude académique. Et il y a une raison. Le système entier a été inventé avant le 19ème siècle. Ces systèmes sont tous apparus pour satisfaire les besoins d’industrialisation.
La hiérarchie est fondée sur 2 idées.
Premièrement, que les sujets les plus utiles au travail sont au sommet. Vous étiez donc de façon bienveillante écartés de certaines choses à l’école, des choses qu’enfants vous aimiez, si elles ne vous permettaient pas d’obtenir un travail. Ne fais pas de musique, tu ne seras pas musicien; Ne fais pas de l’art, tu ne seras pas un artiste. Un conseil bienveillant qui est maintenant, profondément faux. Le monde entier s’engouffre dans une révolution.
Le second point est que l’habilité académique domine vraiment notre vision de l’intelligence, car les universitaires ont modelé le système à leur image. Si vous imaginez, l’ensemble des enseignements publiques à travers le monde, c’est un long processus d’accès à l’université. Et la conséquence est que beaucoup de gens talentueux, brillants, créatifs pensent qu’ils ne le sont pas, car les matières où ils étaient bons à l’école n’étaient pas valorisées, ou étaient même stigmatisées.
Nous savons 3 choses sur l’intelligence.
Une, elle est variée. Nous pensons le monde de toutes les façons que nous l’expérimentons. Nous le pensons de façon visuelle, de façon auditive, de façon kinesthésique, Nous pensons de façon abstraite, nous pensons en mouvement.
Deuxièmement, l’intelligence est dynamique. Si vous regardez les interactions du cerveau humain, l’intelligence est merveilleusement interactive. Le cerveau n’est pas divisé en compartiments. En fait, la créativité — que Ken Robinson définit comme le processus d’avoir des idées originales qui ont de la valeur — le plus souvent, provient de l’interaction de différentes façon de voir les choses.
Et la troisième chose sur l’intelligence est qu’elle est distincte. Son livre, « L’élément« , est basé sur une série d’interviews de personnes et sur la manière dont ils ont découvert leurs talents. Gillian Lynne, par exemple, est chorégraphe. Elle a fait « Cats » et le « Fantôme de l’opéra ». En déjeunant avec elle, Ken Robinson lui demande, « Gillian, comment es-tu devenue danseuse? » Et elle lui répond que quand elle était à l’école, elle était vraiment sans espoir. Et l’école, dans les années 30, avait même écrit à ses parents en disant, « Nous pensons que Gillian a un problème pour apprendre. » Elle ne pouvait pas se concentrer, était turbulente. On dirait maintenant qu’elle a le Trouble du Déficit de l’Attention. Mais c’était dans les années 30, et l’TDA/H n’avait pas encore été défini.
Elle est allée voir ce spécialiste. Dans cette pièce aux lambris de chêne. Et elle était là avec sa mère,assise sur cette chaise au fond, assise sur ses mains depuis 20 minutes au moins pendant que l’homme discutait avec sa mère des problèmes de Gillian à l’école. Et à la fin — parce qu’elle gênait les autres, ses devoirs étaient toujours en retard, etc, etc, — petite fille de 8 ans — à la fin le docteur s’est assis près de Gillian et lui a dit, « Gillian, J’ai écouté toutes les choses que ta mère m’a dites et j’ai besoin de lui parler en privé ». Il lui dit, « Attends là, nous ne serons pas long. » Et ils sont sortis et l’ont laissée. Mais quand ils quittèrent la pièce, il alluma la radio posée sur son bureau. Quand ils quittèrent la chambre, il dit à sa mère, « Restez juste là et observez-là. » A la minute où ils quittèrent la pièce elle était debout, en train de bouger avec la musique. Et ils l’ont regardée pendant quelques minutes puis il s’est retourné vers sa mère et a dit, « Mme. Lynne, Gillian n’est pas malade, c’est une danseuse. Inscrivez là à une école de danse. »
Ken Robinson a demandé : « Qu’est ce qui s’est passé? ». Elle lui a répondu, « Elle l’a fait. Et c’était merveilleux. Nous avancions dans cette pièce remplie de gens comme moi. De gens qui ne pouvaient pas s’asseoir sans bouger, De gens qui devaient bouger pour pouvoir penser. » Ils ont fait du ballet, de la claquette, du ballet jazz du moderne, du contemporain. Elle a finalement été auditionnée pour la Royal Ballet School, elle est devenue soliste, et eut une merveilleuse carrière au Royal Ballet. Elle fut diplômée du Royal Ballet School et fonda sa propre troupe, la Gillian Lynne Dance Company, elle rencontra Andrew Lloyd Weber. Et elle fut responsable de certaines des plus grandes comédies musicales de tous les temps, elle donna du plaisir à des millions de personnes et est multi-millionnaire. Quelqu’un d’autre l’aurait sans doute mis sous médicament en lui disant de se calmer.
Notre seul espoir pour le futur est d’adopter une nouvelle conception de l’écologie humaine, une où nous commencerions à repenser notre conception de la richesse de la capacité humaine. Notre système éducatif a miné notre esprit de la même manière que nous avons épuisé la Terre : pour une ressource particulière. Mais pour l’avenir, cela ne nous aidera pas. Nous devons repenser les principes fondamentaux de l’éducation de nos enfants. Il y a cette merveilleuse citation de Jonas Salk, qui dit « Si tous les insectes disparaissaient de la planète dans les 50 ans qui suivent, ce serait la fin de la Terre. Si tous les humains disparaissaient de la planète dans les 50 ans suivants, toutes les formes de vies floriraient. » Et il a raison.
Ce que TEDx célèbre est le cadeau de l’imagination humaine. Nous devons maintenant faire attention à utiliser ce cadeau, de façon sage, et éviter certains scénarios dont nous avons parlés. Et la seule façon de le faire est de voir la richesse de notre capacité créative, et voir nos enfants comme l’espoir qu’ils représentent. Notre tâche est de les éduquer de façon complète, afin qu’il puisse vivre dans ce futur.D’ailleurs nous ne verrons sans doute pas ce futur, mais eux si. Et notre mission est de les aider a faire quelque chose de leur futur.
Comment transformer l’école ?
Tout d’abord, je vous invite à lire l’article sur les différentes intelligences. Nous évoquions déjà le fait que le QI était une mesure qui cadrait parfaitement avec les exigences du système scolaire et que c’en était un défaut majeur.
Je pense que nous pouvons transformer le système éducatif pour révéler les talents des élèves et leur niveau dans ces différentes formes d’intelligence. L’indicateur principal de ce changement est le plaisir (et plus globalement le bonheur).
En effet, un élève dans son élément sera performant, créatif, curieux, heureux ! Il trouvera du sens et de l’intérêt dans ce qu’il fait et baignera dans le flow (voir cet article sur le bonheur dans l’éducation).
L’important est donc de construire des instruments de mesure permanents afin de dépister les forces de chacun et de veiller à les utiliser au maximum.
Ces instruments permettront de suivre l’évolution de l’élève de la maternelle aux études supérieures.
J’ai en tête 3 étapes :
Première étape : création d’un test pour jauger des intelligences multiples. Ce test sera adapté à l’évolution des capacités cognitives de l’élève dans le temps mais les mesures, elles, seront identiques d’une année sur l’autre.
Cet outil permettra de dresser une « carte des talents et des forces ».
Deuxième étape : adapter les méthodes pédagogiques en s’adressant à des grappes d’élèves répondant aux mêmes talents (avec un certain delta). Le discours et les outils pédagogiques seront donc eux aussi multiples (comme l’est l’intelligence).
Les T.I.C. peuvent aider dans cette segmentation. Dans cette optique, des élèves d’âges différents pourront suivre les mêmes « modules » si ils concordent avec leurs forces et talents.
Troisième étape : le suivi dans le temps. La carte des talents et des forces va évoluer au cours du temps. L’école est une composante parmi tant d’autres dans la croissance d’un enfant. L’environnement social et parental influent sur l’enfant (cf l’effet Pygmalion).
Des modules d’enseignements seront donc interchangeables pour s’harmoniser avec la nouvelle donne.
L’énorme avantage est que les décisions sur les orientations pourront se faire avec beaucoup plus de pertinence. Il suffira de comparer les atouts de l’élève avec les spécificités de la filière et des futurs emplois possibles. D’ailleurs, l’élève sera lui-même plus vite déterminé car il connaitra déjà de nombreux aspects de sa personnalité.
Dans ces conditions, le chemin (l’enseignement) sera aussi plaisant que l’emploi décroché (la vocation) . Voir le bonheur au travail.
J’ai conscience que ceci implique une révolution en profondeur dans les mentalités et les habitudes. Mais je suis intimement persuadé que le jeu en vaut la chandelle.
Qu’en pensez-vous ?
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