Pourquoi croit-on que l’humiliation, les punitions, la privation peuvent faire progresser l’enfant
Dans son livre « Heureux d’apprendre à l’école », Catherine Gueguen s’exprime sur un point important dans l’éducation : la croyance d’efficacité des violences et maltraitances telles que l’humiliation, les punitions, la privation.
En effet, qu’est-ce qui peut laisser penser qu’une éducation sans violence (ou rigueur extrême) n’est pas une « bonne éducation » ?
Comment arrive-t-on ensuite, en ayant soi-même subi des maltraitances, à légitimer celle-ci et à fournir des arguments comme « Je n’en suis pas mort.e », « Quand on voit les jeunes d’aujourd’hui qui ne respectent rien parce que les parents s’en foutent et les laissent tout faire… » ?
Selon Catherine Gueguen, ces interprétations erronées proviennent d’abord de l’enfance des personnes (parents, enseignants) qui ont subi ces violences éducatives sans parvenir à les remettre en cause (elles n’en avaient pas le droit). Même avec le recul, cette réfutation des croyances s’avère douloureuse car cela revient à critiquer ses propres parents et ses professeurs, à se reconnecter à des émotions enfouies pour les déterrer (même si elles sont en réalité toujours là et se réveillent souvent sans que leur message ne soit compris), à réécrire le passé et la définition du mot « aimer » (« Si je ne t’aimais pas, je ne t’éduquerais pas ainsi »),…
L’éducation, pour les adultes qui pratiquent les punitions, les soumissions et autres contraintes en vue d' »obéissance » aveugle, c’est d’abord la discipline et le « marcher droit », l’acquisition du « bon » comportement.
Or, c’est l’inverse qui se produit. Les faits le prouvent et les études scientifiques et neuroscientifiques se multiplient sur le sujet (beaucoup sont relayées sur ce site). Un enfant qui est la cible de maltraitances a peu confiance en lui, son estime de soi est basse, son stress est important, il se considère comme « mauvais », « méchant », il nie ses émotions, il rencontre des difficultés d’apprentissage, se lie peu aux autres,…
Dans un contexte violent, l’enfant apprend que les rapports humains sont des rapports de force, d’humiliation, de domination, de peur et il copie donc ce modèle (car il n’a que lui à intégrer). Il en ressentira même de la satisfaction à dominer quand il parviendra à prendre le dessus sur ses pairs, ses frères et soeurs, et nourrira une soif de vengeance si ce n’est pas le cas.
Pour nous recentrer sur la question initiale et entrevoir des solutions, « Pourquoi croit-on que l’humiliation, les punitions, la privation font progresser l’enfant », la réponse est dans la question : c’est la croyance qu’il est nécessaire de revoir et de réfuter. Petit à petit, trouver des preuves qu’elle est fausse, qu’elle déclenche des comportements qui abiment et réécrire, même si c’est dur, le récit de notre passé. Non, nous n’avons pas mérité ces frappes, ces menaces, ces privations d’attention, ces isolements, ces étiquettes négatives et nous avons le pouvoir de casser cette chaine de la violence en agissant différemment dans notre rôle de parent ou d’enseignant.
La violence engendre la violence. Mais c’est n’est pas une fatalité. Nous pouvons présenter des excuses et changer. Nous pouvons canaliser notre colère pour la transformer en demande compréhensible. Nous pouvons nous entrainer à collaborer au lieu de se confronter. C’est plus long, certes, mais le peu de temps que nous passons sur cette terre, autant favoriser ce qui crée le moins de souffrance et donc choisir la bienveillance…
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