Pourquoi les enfants mordent (et comment réagir avec bienveillance)

Dans son excellent « Guide pratique pour les pros de la petite enfance », la psychologue Heloise Junier nous apporte de précieuses informations sur les causes des morsures des enfants. Ce qu’il est essentiel de retenir est que ce ne sont pas actes de méchanceté !

Ce n’est pas de la violence ni de la méchanceté

Ni la morsure, ni les griffures, ni les coups ne sont des actes de violence, ou de méchanceté. Littéralement égocentrique, un jeune enfant ne peut pas comprendre que lorsqu’il mord, il fait mal à l’autre. Ces manifestations peuvent avoir différentes origines. Ces conduites peuvent être la manifestation d’une impulsion, d’une excitation positive comme négative, d’une envie d’explorer le corps de l’autre. Cela peut être une manière pour l’enfant de se décharger d’une frustration, mais aussi de communiquer (maladroitement) avec un autre enfant.

Il découvre le monde par la bouche

La bouche de l’enfant est un organe de découverte au même titre que ses mains.

Il est incapable de contrôler ses impulsions

Un jeune enfant n’est pas encore en capacité d’inhiber ses impulsion , ni ses émotions, et encore moins de les raisonner (immaturité du cortex préfrontal). 

C’est un moyen d’expression

Plus la parole va se développer, moins l’enfant aura besoin de mordre pour s’exprimer ou entrer en communication. En cas de grande frustration, l’enfant s’exprime avec l’outil qu’il maîtrise le plus: son corps. En effet, bien souvent quand il est empreint à une émotion forte, il sollicite spontanément sa main, sa bouche ou son pied, et non de la parole comme on pourrait l’espérer. 

Il a besoin d’attention

Il faut savoir que de nombreux comportements « inadaptés » du jeune enfant au sein du lieu d’accueil, comme à la maison, résultent d’un manque d’attention ou d’affection de la part de l’adulte. C’est en partie pour cette raison qu’un enfant se comporte souvent différemment quand un adulte lui accorde toute son attention, à l’occasion d’une observation soutenue et individualisée.

Une phase temporaire

Cette phase de « morsures » est temporaire. Elle peut durer quelques jours comme quelques mois. Celle-ci dépend de nombreux facteurs, dont le développement de l’enfant, sa vie à la maison mais aussi et surtout, de votre propre manière d’accompagner l’enfant et le groupe durant la journée. La collectivité peut être une source de stress importante pour les très jeunes enfants, d’autant plus s’ils sont nombreux à se déplacer dans un même espace et si les professionnels sont eux-mêmes stressés.

 

Comment réagir ?

Consoler l’enfant qui a été mordu

La première réaction possible est de consoler l’enfant victime de la morsure et de poser des mots sur ce qu’il ressent. « Tu pleures car tu a eu mal et la morsure t’a surpris. Nous allons nous occuper de ta blessure. »

Accompagner l’enfant qui a mordu

Rappelons que l’enfant qui a mordu était dans une réaction incontrôlable et qu’il n’est pas intellectuellement capable (du moins jusqu’à 4 ans) de comprendre spontanément qu’il fait mal à l’autre. Il est donc inutile d’en rajouter en le grondant ou le punissant. Au lieu de cela, rappeler la règle : « la bouche est pour manger des aliments, parler, faire des bisous,… » et attirer son attention sur l’émotion de l’enfant mordu « Paul a eu mal. Il pleure. »

Garder une posture ferme mais bienveillante

Au lieu de crier, menacer, punir,… ce qui empêchera l’enfant de réfléchir car son amygdale s’activera encore plus au détriment de son cortex préfrontal, mieux vaut dire « STOP » calmement et stopper doucement son geste en le prenant par exemple dans nos bras pour inhiber l’agressivité.

Enquêter sur les besoins insatisfaits (en direct ou par anticipation)

Par exemple, lorsqu’un enfant est fatigué , il aura tendance à réagir avec violence sous le coup de la colère. En identifiant le besoin de repos à temps et en y répondant positivement, on évite en grande partie la violence. Idem pour le besoin d’attention comme expliqué plus haut.

Valoriser les comportements positifs pour les faire grandir

Quand un enfant parvient à agir avec bienveillance dans des situations difficiles, nous pouvons le remarquer oralement afin de consolider ce comportement. De plus, le besoin d’attention sera comblé.

S’entrainer

Pour court-circuiter la violence, il faut créer de nouveaux circuits neuronaux et les graver progressivement. Pour cela, nous pouvons organiser des jeux et des activités au calme avec par exemple comme support une roue des choix comme celle-ci.

Eviter les étiquettes

Dire à un enfant qu’il est « méchant » cristallisera un état. L’enfant se comportera de plus en plus comme l’étiquette qu’on lui posée. Donc préférons une focalisation sur le comportement et une croyance dans l’évolution de ces comportements.

Etablir des règles et des formulations positives (au lieu de brandir des interdits)

« Ne mords pas ! » est une formule négative qui n’est pas comprise par le cerveau des enfants (il la transforme en affirmation).

Alors préférons dire ce que l’enfant peut faire  : « Tu as le droit de mordre cette clé en plastique » « La bouche est là pour parler »

Montrer l’exemple

Si nous utilisons les violences physiques et verbales devant notre enfant, il comprendra que c’est une façon acceptable de réagir. Donc pratiquons avec bienveillance pour offrir ce modèle à copier à nos enfants.

Source : Héloïse Junier. Guide pratique pour les pros de la petite enfance : 38 fiches pour affronter toutes les situations 


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