Langage : 30 expressions à éviter avec les enfants

En tant que parents, ce que l’on dit et répète peut faire très mal aux enfants et futurs adultes qui nous entourent.

Lorsqu’une des expressions suivantes s’apprête à vous échapper, demandez-vous :

  • est-ce moi ou mes propres parents qui parle(nt) en ce moment ?
  • quels effets peuvent-elles avoir sur mon enfant ? quels effets ont-elles eu (et ont-elles sur moi) ?
  • qu’est-ce que je veux vraiment pour lui ? pour nous ?
  • quel est son besoin ?

Cette courte pause introspective permet de déconnecter les processus inconscients.

L’éducation n’est pas un combat, c’est une danse qui fonctionne grâce au respect, à l’empathie et à l’amour. Et il n’est jamais trop tard pour laisser tomber les gants de boxe.

 

  1. Je vais te donner une bonne raison de pleurer
    Menace, chantage, etc. produisent du stress toxique, bloquent l’apprentissage, dégradent les relations parents/enfants, baissent l’estime de soi,… A bannir absolument. (voir cet article)
  2. Ne me regarde pas comme ça !
    Le regard est un moyen de se connecter à l’enfant et la manière dont nous nous sentons influe sur la « tonalité de notre regard ». De plus, lorsque nous estimons être mal regardé, nous sommes dans une interprétation pure et dure. Pour contrecarrer cette interprétation, il suffit d’imaginer l’enfant en face de nous comme il était à sa naissance, avec ce besoin d’amour et d’attention que nous-seul pouvons lui apporter. C’est toujours le cas. Pour changer le monde qui nous entoure, changeons notre façon de penser. Et tout le reste suivra.
  3. Tu es un vrai bébé
    L’humiliation et l’étiquetage n’ont jamais permis à personne d’apprendre sereinement… C’est un frein à l’épanouissement. Le vrai message à offrir est « je vois que tu progresses chaque jour, voici les preuves ». Remarquons ainsi les comportements que nous souhaitons voir reproduire. Profitons d’être la boite à souvenirs des enfants pour les aider à avoir confiance en eux et grandir.
  4. Ton copain/ta copine/ta soeur/ ton frère y arrive, elle…
    Lorsque l’enfant entend des comparaisons, il prend l’habitude de se comparer et de dépendre du regard d’autrui. Cela bloque la construction de l’estime de soi. De plus, au sein des fratries, les comparaisons dégradent fortement les liens et alimentent les conflits. Chaque enfant est différent et se développent à son rythme. Encourageons les efforts de chacun dans l’absolu. Mieux, favorisons la collaboration : « Et si tu lui demandais de t’apprendre comment elle fait ? » (voir cet article)
  5. Tu me remercieras un jour…
    On entend souvent cet argument pour justifier la violence…évidemment, il fait naitre de fausses croyances  chez l’enfant : « je ne faisais que des bêtises », « j’ai besoin d’être « recadré », « je mérite ce qu’on me fait subir », « la domination est un outil de manipulation efficace », « je ne suis pas autonome », … C’est maintenant que se joue l’avenir et le bonheur des enfants. Aucune violence n’est tolérable. ( voir cet article)
  6. Calme-toi tout de suite !
    Le cerveau de l’enfant est immature, il ne peut pas gérer ses émotions et son stress seul. Alors, au lieu de lui ordonner de se calmer, donnons-lui des outils et méthodes pour cela (voir cet article).
  7. ARRÊTE DE CRIER !!!!
    Il est paradoxal de crier pour dire d’arrêter de crier, non ? (voir cet article pour une solution imaginative et celui-ci pour les parents)
  8. J’appelle ton père/ta mère si tu le fais pas.
    Outre le fait que le père ou la mère désigné(e) devient le réceptacle de la peur de l’enfant et le symbole de l’autorité, cette expression est aussi destructrice pour la personne qui la profère. En effet, celle-ci avoue qu’elle est désemparée…ceci n’est pas propice à l’établissement d’une confiance réciproque.
  9. Tu m’énerves !
    Comme le dit si bien Yves-Alexandre Thalmann :« Tu m’énerves » est une expression couramment utilisée, mais incorrecte ; elle culpabilise l’interlocuteur en le rendant responsable de notre émotion : » tu es responsable de ma colère, qui est désagréable, donc du mauvais moment que je passe par ta faute. »En réalité, personne ne peut nous énerver, si ce n’est nous-mêmes ! Pourquoi ? Simplement parce que la colère est une réponse à un de nos besoins que nous considérons comme insatisfait.  »Donc, reformulez ainsi : « Je suis en colère lorsque tu… » (et non « je suis en colère parce que… »)Ainsi, vous gardez la responsabilité de l’émotion sans accuser quiconque.
  10. T’es une poule mouillée ?
    La peur, comme toute émotion, est utile. La verbaliser permet d’en diminuer l’intensité. Et raconter sa peur est un moyen de rationaliser le discours interne et de lui donner du sens. L’humiliation par la moquerie bloque ce processus et dégrade l’estime de soi de l’enfant. A bannir donc.
  11. Ici, c’est moi qui décide.
    « Quand l’enfant obéit à un ordre, son cerveau frontal reste inactif. Quand vous le faites réfléchir, quand vous lui offrez des choix et lui laissez de l’espace de décision personnelle vous lui proposer de mobiliser son cerveau frontal, celui qui permet de décider, penser, anticiper, prévoir et par conséquent de devenir responsable. »Donc au lieu de donner des ordres, guidez, interrogez, associez la scène à une information déjà assimilée, [offrez des choix]…et évitez de réclamer une autorité « creuse ».
    Voir cet article sur la discipline positive.
  12. Tu es laid quand tu pleures ! Cette phrase fait partie des expressions anti-émotion. Elle associe les pleurs à un jugement physique négatif, rajoutant du stress mais invitant à l’inhibition. Les conséquences sont désastreuses sur le long terme (voir cet article sur les émotions et cet article sur les étiquettes).
  13. Tu es trop gâté !
    Par qui ? Au lieu d’offrir des cadeaux, offrez des expériences et encouragez la motivation intrinsèque (voir cet article).
  14. Tu ne peux pas jouer sans faire de bruit, non ?
    Jouer sans faire de bruit…Si vous souhaitez vraiment qu’un enfant ne fasse pas de bruit, expliquez-lui votre besoin et proposez-lui des activités telles que la lecture ou le dessin. Mais, dès que c’est possible, faites du bruit ! Aidez-le à exprimer sa joie et à dépenser son énergie ! Et faites de même, c’est très libérateur et cela aide le cerveau à rester optimiste !
  15. Si tu m’écoutes, tu auras un cadeau.
    Le matérialisme compromet la capacité au bonheur et lance dans une escalade des offres (car les exigences ont tendance à l’inflation). Ne rentrez pas dans ce « jeu ».  « Si…alors » ne sont pas les amis des familles. (voir cet article)
  16. On est en retard à cause de toi.
    A quoi bon évoquer la culpabilité pour justifier un retard. Dépassez le problème et orientez vos réflexions sur les solutions. Comment ne plus être en retard ? (voir cet article)
  17. Je ne t’ai pas demandé ton avis.
    La meilleure façon d’obtenir la collaboration d’un enfant n’est pas de lui donner des ordres mais de l’aider à développer ses capacités de réflexions en toute bienveillance et grâce à une solide écoute émotionnelle. Ainsi, proposer des choix (« tu préfère ceci ou ceci »), le guider par des questions (comment pourrais-tu faire pour…), ou encore se référer à des règles établies ensemble sont d’excellents moyens de préserver l’harmonie tout en contribuant au développement de l’autonomie de l’enfant. (voir cet article)
  18. Dépêche-toi ! Grouille-toi ! Moi je m’en vais !
    Ces formules sont anxiogènes pour les enfants et pour les adultes. Elles sont l’expression directe du stress. Lorsqu’on les prononce, aucune solution n’est donnée (comment faire plus vite ?) et l’effet est souvent l’inverse de celui attendu car le cerveau se « bloque ».
    Pire, les psychologues ont montré que la répétition de ce scénario dès l’entame de la journée (au réveil, lors du départ pour l’école, pendant le petit déjeuner…) créait une tendance à détester le matin… comme un conditionnement que les enfants expriment d’abord par des grognements puis, une fois adulte, comme des symptômes de la « maladie » étiquetée « je ne suis pas du matin ».Donc, pour plus de bonheur, « dépêchons-nous » de la bannir de notre vocabulaire pour lui préférer des alternatives beaucoup plus efficaces qui placent l’enfant au centre de l’action, en pleine conscience de son potentiel de changement et d’évolution. Être à l’heure est un entrainement !Quant au parent, un léger ajustement de l’organisation de la maison et du timing (dès la veille au soir) est nécessaire. Se lever par exemple 10/20 minutes avant tout le monde produit parfois des miracles, tout comme mettre les deux parties d’un autocollant dans chaque chaussure pour connaitre la gauche et la droite. 🙂Souvenons-nous simplement que le stress est contagieux. Donc autant ne pas « passer cette patate chaude » aux enfants qui ont moins de ressources intellectuelles que nous pour le gérer et sont en phase d’apprentissage permanent !
  19. Tu es complètement idiot. Tu n’es pas doué.
    Je laisse la parole à Albert Jacquard pour ce sujet : voir cette vidéo.
  20. Fous-moi la paix.
    Qu’entendez-vous par là ? quels sont vos besoins ? Que ressentez-vous ? Quelle est votre demande précise ? Pour vous guider, lisez cet article sur la Communication non-violente.
  21. Tu me cherches…
    Lorsque notre enfant fait quelque chose que nous réprouvons, si nous lui crions dessus et l’accusons de nous « chercher » volontairement, il va ressentir de la peur, de la culpabilité et un sentiment d’injustice. La peur précisément, déconnecte son cerveau rationnel, et il reproduit mécaniquement les mêmes gestes qu’on lui reproche…parce qu’il ne peut pas faire autrement puisqu’il n’a pas encore la clé pour sortir de la situation qui déclenche votre réaction. Alors que si nous gardons notre calme, lui rappelons les règles, lui expliquons ce qu’il est nécessaire de faire (au lieu de lui reprocher ce qu’il ne faut pas faire), encourageons ses efforts ou encore décrivons simplement les conséquences des actes (sans menacer, ni juger), l’enfant apprendra plus rapidement. Et cette bienveillance et cette empathie contribueront à la maturation de son cerveau. via
  22. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un enfant comme toi ?
    Et votre enfant, qu’a-t-il fait pour mériter un parent pareil ? Et si on stoppait ces plaintes qui ne font que s’autoalimenter pour prendre notre part de responsabilité ? (voir cet article)
  23. Sois sage.
    Il existe plusieurs raisons pour arrêter d’employer « sois sage » . Tout d’abord, quand vous dites « sois sage », votre enfant comprend « sois sage sinon… ». Donc cela sonne comme une menace et, surtout, remet en cause l’amour inconditionnel car l’enfant comprend : »je dois être sage sinon on ne m’aimera plus. »La deuxième raison est que « sage » est une étiquette, et qu’à force de coller des étiquettes sur nos enfants, ils ne deviennent pas ce qu’ils auraient dû devenir. Encouragez les actes et ne jugez pas la personne.La troisième raison est que « sage » n’est pas un objectif de vie. Vous voudriez que votre enfant sois sage quand il sera plus grand ?
  24. Tu vas tomber/te brûler/te faire mal/échouer suivi de tu vois, je te l’avais dit
    Nous avons tendance à exprimer tout haut nos angoisses et nos projections négatives. Or, le fait de les formuler ainsi va avoir quelques conséquences dramatiques :L’enfant risque de tomber/se brûler/se faire mal/échouer car il a imaginé cette issue en vous écoutant. Son cerveau va le propulser vers ce but. J’ai coutume de dire : la meilleure manière de percuter un mur est de le fixer… Apprenez donc à communiquer ce que vous voulez, plutôt que ce que vous ne voulez pas. Et apprenez à votre enfant à faire de même. Dans le cas d’une expérience de votre enfant, ne lui mettez pas dans la tête des images négatives qui lui feront perdre ses moyens et diminueront ses chances de succès. Ayez confiance, laissez-le faire son expérience en l’avertissant sur les difficultés ou les dangers qu’il risque de rencontrer (en lui décrivant la situation), proposez-lui votre assistance, interrogez-le sur l’estimation de ses forces par rapport à l’épreuve qu’il veut franchir et enfin, donnez-lui des consignes. Mais attention, si le danger est trop élevé, transformez finement l’expérience pour la rendre un peu plus accessible (en choisissant une pente moindre par exemple pour le cas d’une descente en ski ou en skate) ou différez en proposant de l’entrainer (« comme le font les sportifs »).Dites-vous qu’il est préférable que vous soyez là plutôt qu’il le tente tout seul. Et que le véritable intérêt de votre présence est que vous puissiez lui prêter main forte s’il chute par exemple. Afin qu’il jauge de mieux en mieux ses forces, ne vous substituez pas aux actions qu’il est capable de mener seul. Laissez-le tenter et prendre confiance en lui petit-à-petit.Après tout, il a réussi à marcher après être tombé plusieurs fois. S’il n’était pas tombé, il n’aurait pas pu apprendre et ajuster progressivement sa méthode.Un autre effet de ces mises en gardes, prédictions négatives et substitutions à répétition est que l’enfant va de plus en plus douter de lui  et qu’il considèrera le monde comme un territoire aux nombreux dangers. Ceci freinera son exploration et son développement intellectuel et physique.

    Pour clore ce point, n’enfoncez pas plus votre enfant avec un « tu vois, je te l’avais dit! ». Aidez-le plutôt à s’améliorer en encourageant ses efforts et en lui montrant la voie.

  25. Il faut que…, tu dois/tu devrais
    « Il faut que », « Tu dois/tu devrais » évoquent une contrainte. Les contraintes ne sont pas motivantes. Donc je vous conseille de bannir « il faut »/ »tu devrais » pour les remplacer par « j’aimerais » ou encore « je te demande »/ »j’ai besoin » et d’encourager l’effort et l’intention.Reformulez aussi ces expressions dans la bouche de votre enfant. S’il dit « il faut que je fasse mes devoirs », reprenez en écho « qu’aimerais-tu que nous fassions après tes devoirs/ tu te souviens comme tu as bien récité cette poésie hier ?/ j’aime te voir réfléchir et trouver des solutions/ as-tu besoin de mon aide/ montre-moi où tu en es/etc. ».Et s’il dit « je n’y arrive pas ! », glissez-lui « oui, tu n’y arrives pas pour le moment« .
  26. Ne ta salis pas
    Cette expression inhibe l’enfant dans ses élans créatifs et pose une contrainte à son amusement. Il est donc préférable de le vêtir de vêtements usées ou prévus à cet effet (comme une blouse) et de sécuriser/protéger le cadre afin qu’il profite un maximum en ayant l’esprit serein.
  27. Tu ne ranges jamais ta chambre, j’en ai marre 
    Plaintes et reproches ne sont pas des demandes ni des consignes précises.
  28. Tu es paresseux/nul en math/…
    Les étiquettes deviennent des croyances et dictent les comportements. Evitons-les et concentrons-nous sur la description des actes (sans juger).
  29.  Après tous les sacrifices que j’ai fait pour toi…,  Pourquoi tu me fais ça à moi ?
    La culpabilité et la honte ne contribuent pas à l’épanouissement des enfants (ni à l’adoption de nouveaux comportements) . La frustration des parents ne doit pas retomber sur les épaules des enfants. C’est un trop lourd fardeau. Si nous avons des besoins insatisfaits, formulons une demande claire sans accuser. Et demandons-nous à qui réellement adresser cette demande…
  30. Tu me rends malade ! » « Tu es en train de me tuer
    Même principe que l’expression ci-dessus. Le poids de la culpabilité est énorme. Et si il arrive quelque chose aux parents, l’enfant va se sentir responsable…longtemps.

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