Les conseils de Matthieu Ricard pour mieux apprivoiser nos émotions

« Au long de notre existence, les émotions se précipitent à travers notre esprit comme une rivière déchaînée, provoquant d’innombrables états de bonheur ou de tristesse. »

C’est ainsi que Matthieu Ricard décrit ce flot d’émotions sur lequel nous voguons durant notre vie. Est-il possible de l’apprivoiser ? Si oui, comment ?

 

Matthieu Ricard, moine bouddhiste, distingue les émotions positives ou négatives tandis que la psychologie positive parle plutôt d’émotions agréables ou désagréables. Pour rester fidèle aux propos de l’auteur, nous garderons cette notion de positif/négatif.

Définitions

Émotion positive ou constructive : c’est une émotion qui qui renforce notre paix intérieure et notre recherche de ce qui est bon pour les autres.

Émotion négative ou afflictive : c’est une émotion qui anéantis notre sérénité, perturbe profondément notre esprit et a pour but de faire du mal aux autres.

Ainsi, le seul critère est celui du bien ou de la souffrance que nous provoquons par nos actes, nos mots et nos pensées.

Mais attention car il existe des nuances dans les émotions. Ainsi, une « sainte colère » est une indignation face à une injustice. Celle-ci vise à diminuer la souffrance en rétablissant l’équilibre. Elle est donc positive.

À l’inverse, la rage aveugle est une colère destructrice. Elle est négative.

Matthieu Ricard relie les émotions, les pensées et les actes. Une pensée peut être apaisée afin qu’une émotion positive émerge. On peut aussi s’entrainer à nourrir des pensées positives pour induire majoritairement des émotions positives. Progressivement, les schéma neuronaux s’optimisent pour rendre cette action de plus en plus facile.

Il précise que le bouddhisme a pour unique objectif de nous libérer des causes fondamentales de la souffrance. Il part du principe que certains évènements mentaux sont perturbateurs quel que soit le degré et le contexte dans lesquels ils surviennent : il s’agit des toxines.

 

Les 5 toxines : des sources de souffrance

Les 5 toxines (ou poisons) citées dans le bouddhisme sont :

  • Le désir : dans le sens « soif d’avidité »
  • La haine : le désir de nuire
  • La confusion : qui déforme notre perception de la réalité
  • L’orgueil 
  • La jalousie

Ces toxines sont à l’origine d’une soixantaine d’états mentaux négatifs.

Ajoutons que les textes traditionnels évoquent 84000 émotions négatives qui sont autant de portes qui permettent de nous transformer.

Focus sur 2 poisons : jalousie et haine

Le désir : à un stade classique, le désir n’est pas source de souffrance. C’est quand il devient obsessionnel (avidité) qu’il se transforme en poison.

La haine : la haine est le poison mental le plus toxique. Il consume de l’intérieur et se transmet à autrui, créant des cercles de ressentiments qui alimentent la souffrance générale. La haine est un solide frein au bonheur. Elle colore aussi notre façon de voir le monde, nous poussant à trouver des cibles de haine autour de nous.

 

Annuler ou diminuer l’effet des toxines grâce aux antidotes et à la distanciation

Matthieu Ricard nous invite à confectionner nos antidotes aux émotions négatives en considérant la règle suivante : on ne peut ressentir deux émotions en même temps. 

Il est donc possible de contrecarrer les effets des émotions négatives en se concentrant sur les émotions opposées.

Comment est-ce possible ? En prenant du recul et en changeant de point de vue sciemment (nouvelle interprétation). Par exemple, si quelqu’un nous a blessé, considérons que lui-même est en souffrance. Au lieu de lui renvoyer sa malveillance, optons pour la compréhension et l’écoute. Cette personne est victime de ses poisons mentaux sans en être consciente. Si le dialogue est impossible pour le moment, temporisons, laissons-lui de l’espace pour réfléchir en nous éloignant sans animosité, souhaitons-lui de guérir de ce poison. Prendre dans ses bras quelqu’un en colère est aussi un moyen de le soigner, de le réparer, de le guérir.

 

Autre technique efficace : observer l’émotion avec une certaine distance, l’accueillir et utiliser la phrase « Je ressens [citer l’émotion] ». Cette approche de pleine conscience diminue l’intensité de l’émotion.

 

Source : Psychologie positive : le bonheur dans tous ses états


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