Les phrases à dire pour aider les enfants à croire en eux et à progresser
J’ai été à la fois émerveillé et conquis par le discours de Carol Dweck que vous trouverez plus bas dans l’article. En s’appuyant sur des preuves scientifiques solides et des observations en direct, elle a trouvé des clés pour aider les enfants à croire en leur potentiel et à prendre conscience qu’ils peuvent le développer et ainsi transformer les échecs en réussites. D’ailleurs, on comprendra que ce n’est pas vraiment le résultat ou les notes qui comptent, mais plutôt le « chemin d’apprentissage ». Du coup, son récit contient de riches enseignements à destination du système éducatif actuel ou de la façon dont nous communiquons avec nos enfants.
Basées sur les principes de cette intervention et sur de précédents écrits, je vous invite à découvrir des phrases puissantes à dire aux enfants pour les aider à croire en eux et à progresser.
Elles remplaceront les récompenses, les chantages, les comparaisons, les punitions et autres compliments qui, et c’est scientifiquement établi, ne sont pas efficaces sur le long terme et génèrent du stress (qui ralentit et bloque le fonctionnement du cerveau) (voir cet article).
« Tu n’as pas encore réussi. C’est pour bientôt. » : les termes « bientôt », « encore », « pour l’instant » « pour le moment » permettent de relativiser un échec (temporaire) et orientent le regard vers une future réussite. Ces expressions améliorent considérablement l’état d’esprit des enfants.
« Je vois les efforts que tu fais. » « Quand tu réalises cela, tu développes tes talents » « Tu progresses à chaque tentative » « J’ai remarqué ton intention de … » « Tu as en toi des forces insoupçonnées« : L’idée est d’évoquer les efforts, les intentions, les talents et les forces qui émergent (sans juger la personne). C’est ce processus d’émergence et son caractère évolutif qui compte (dépister, encourager, développer). Cette reconnaissance du cheminement mental et du comportement alimentera le sentiment de gratification (et boostera l’estime de soi).
« Chaque échec/erreur te rapproche de la réussite » : Cela implique que sur la route du succès, se trouvent des marches/échecs/obstacle à franchir. Il est important de se lancer, de commencer, d’essayer. On ne peut pas réussir si on n’a pas suffisamment essayé (et échoué).
« Tu peux essayer, puis ajuster » : Il est important de se lancer, de commencer, d’essayer. Car le premier pas balaye les doutes. Ensuite, amusons-nous à ajuster jusqu’à trouver ce que nous cherchons. 🙂
« Appuie-toi sur ce que tu sais déjà » : cette formulation invite les enfants à la fois à renforcer leur confiance en eux à l’aune de leurs précédentes réussites (j’ai déjà acquis des compétences et fait des efforts qui ont porté leurs fruits) et à créer des connexions (la mémorisation et la créativité grandissent).
« Quel est ton but/objectif » : rien de tel que d’orienter les efforts dans le bon sens. Avant chaque exercice, demandons-nous quel est l’objectif.
« Si tu as réussi une fois, tu peux t’entrainer afin de maitriser de mieux en mieux (et faire de plus en plus vite) » : cette notion de performance est importante car cela inscrit l’enfant dans une visualisation mentale de sa progression avec un double indicateur : temps/effort.
« Tes connaissances sont comme des Lego. Tu peux découvrir de nouvelles pièces, inventer des assemblages et trouver des solutions innovantes » : je trouve cette image d’une construction lego fameuse car elle évoque l’imagination, la manipulation et le jeu. De plus, cela implique qu’il existe plusieurs manières de parvenir à ses fins.
« Ton cerveau est une fantastique machine évolutive qui se nourrit de tes actes et de tes pensées. Tout lui est utile. » : Encore une façon de prôner l’expérience, la patience et de faire confiance à notre cerveau.
« On apprend aussi pour aider les autres et transmettre » : C’est un moteur que j’aime particulièrement et qui permet aux enfants de prendre de la hauteur pour se tourner vers les autres avec une intention altruiste. C’est une motivation supplémentaire pour apprendre.
« C’est un défi pour toi » : cette phrase a trois facettes.
1) Elle permet de dédramatiser. 2) Elle souligne le caractère ludique de chaque épreuve. 3) Elle extrait les enfants d’un principe de compétition Versus (qui a des effets néfastes pour la motivation) au profit d’un challenge personnel (j’ai les clés en moi).
Je vous propose maintenant d’écouter cette intervention de Carol Dweck. C’est passionnant et galvanisant pour tous.
Retranscription :
On m’a parlé d’un lycée à Chicago où les élèves devaient passer un certain nombre de matières pour avoir leur diplôme et s’ils ne réussissaient pas, ils recevraient un « pas encore acquis », j’ai trouvé ça fantastique. Quand on reçoit une mauvaise note, on pense « Je suis bon à rien ». Mais si on reçoit un « Pas encore acquis », on comprend que l’on est encore en train d’apprendre. Ça nous ouvre la voie vers l’avenir.
Cette mention m’a fait voir différemment un évènement critique de ma carrière, un virage. Je voulais voir comment les enfants géraient les défis et les difficultés, alors j’ai donné des exercices un tout petit peu trop difficiles, à des enfants de 10 ans. Certains ont réagit de manière extrêmement positive, disant « J’adore les défis ! », ou « J’espèrait que ce serait plus informatif ». Ils savaient que leurs capacités pouvaient être développées. Ils ont ce que j’appelle un état d’esprit en expansion.Mais d’autres l’ont vécu comme tragique, catastrophique. Selon leur perspective fixée, leur intelligence avait été jugée et ils avaient échoué. Au lieu de se délecter du pouvoir du « bientôt », ils étaient pris au piège de la tyrannie du « maintenant ». Alors que font-ils ensuite ?
C’est ce que nous allons voir. Dans une étude, il est dit qu’ils tricheraient la prochaine fois plutôt que de réviser plus, s’ils ont raté un examen. Dans un autre étude, après un échec, ils chercheraient quelqu’un de moins bon qu’eux, afin qu’ils puissent se sentir beaucoup mieux. Et dans toutes les études, les élèves fuient la difficulté. Des scientifiques ont mesuré l’activité électrique de leurs cerveaus alors que les élèves étaient confrontés à une erreur. A gauche, les élèves à l’esprit focalisé sur le problème. Il n’y a presque pas d’activité. Ils fuient l’erreur. Ils ne s’y confrontent pas. Mais à droite, ceux qui ont un état d’esprit en expansion qui pensent que leurs capacités peuvent être développées. Ils s’impliquent en profondeur. Leur cerveau est enflammé par l’idée de «bientôt». Ils s’impliquent. Ils traitent l’erreur. Ils apprennent d’elle, et la corrigent. Comment éduquons-nous nos enfants ?
Est-ce pour maintenant plutôt que pour bientôt ? Elevons-nous des enfants obsédés par les bonnes notes ? Elevons-nous des enfants qui ne rêvent pas de grandes choses ? Leur but est d’avoir 20/20, de réussir le prochain contrôle ? Gardent-ils ce besoin de validation constante en eux dans leurs vies futures ? Peut-être, car des employeurs viennent me voir, disant : « Nous avons déjà élevé une génération de travailleurs incapables de survivre à une journée sans recevoir de trophée ». Alors que faire ?
Comment construire ce pont vers « bientôt » ? Voilà quelques idées.
D’abord, nous pouvons louer avec sagesse, sans récompenser l’intelligence ou le talent. Nous savons que cela ne marche pas. Ne le faîtes plus. Mais louer le processus dans lequel les enfants s’engagent :l’effort, les stratégies, la concentration et la persévérance, les progrès. Cette méthode de récompensedéveloppe des enfants robustes et résistants. Il y a d’autres moyens de récompenser.
Nous avons rejoint des scientifiques, spécialistes des jeux, de l’Université de Washington afin de créer un jeu mathématique en ligne. Les enfants ici, sont alors récompenses pour leurs efforts, stratégie et progrès. Dans un exercice de maths, en général, l’enfant est récompensé de donner la bonne réponse maintenant, mais notre jeu privilégie la méthode. Ce qui a donné plus d’efforts, de stratégies,d’implication sur une plus longue durée, et plus de persévérance lors de problèmes vraiment difficiles.Les simples mots « bientôt » et « pas encore »
donnent plus d’assurance aux enfants, une voie vers l’avenir qui crée plus de persistance. Nous pouvons changer l’état d’esprit des enfants. Dans une étude, nous leur avons enseigné que chaque fois qu’ils sortent de leur zone de confort pour apprendre quelque chose de nouveau et difficile, les neurones dans le cerveau créent plus de connections, plus fortes et à force de connections, ils deviennent plus intelligents. Voyez cette étude :
les résultats des étudiants qui n’avaient pas appris cet état d’esprit ont continué à baisser, après cette transition difficile. Mais ceux qui avaient appris, montrent une belle amélioration des notes. Voilà ce que nous avons montré, ce genre d’amélioration, pour des milliers d’enfants, en particulier ceux qui peinent à réussir. Alors parlons d’égalité.
Dans notre pays, il y a des groupes d’élèves qui sont systématiquement notés en dessous de leurs moyens, par exemple, dans les cités, ou les enfants des réserves de natifs Nord-Américains. Ils ont montré des résultats si mauvais, pendant si longtemps, beaucoup pensent cela inévitable. Mais lorsque les éducateurs favorisent « bientôt », l’égalité se rétablit. Et voilà quelques exemples. En une année, une classe de maternelle à Harlem, New York à obtenu un score dans le 95ième centile de la National Achievement Test. Beaucoup de ces enfants ne savaient pas tenir un crayon avant d’arriver à l’école. En un an, des élèves de CM2, très en retard, dans le Bronx ont fini première classe de CM2 de l’état de New York pour l’examen de maths de l’état. En un an à un an et demi, des élèves natifs-américains d’une réserve sont passé de derniers de leur district, à premiers de la liste, et le district incluait les sections affluentes de Seattle. Les natifs ont surpassé les enfants « Microsoft » Et c’est arrivé parce que leur idée
d’effort, et de difficultés a été transformée. Avant ça, l’effort et la difficulté leur donnait l’impression d’être idiots, de vouloir laisser tomber à présent, l’effort et la difficulté, veulent dire des connexions entre neurones, des connexions plus fortes. Ce qui les rend plus intelligents. J’ai reçu une lettre d’un garçon de 13ans.
Il disait : « Cher professeur Dweck, J’apprécie que votre article soit basé sur une recherche scientifique solide donc j’ai décidé de la mettre en pratique. J’ai mis plus d’efforts dans mon travail scolaire, dans mes relations familiales, et avec les autres enfants à l’école, et j’ai vu comme tout s’améliorait. Je sais maintenant que j’ai gâché une grande part de ma vie. » Ne gâchons pas plus de vies.
Maintenant que nous savons, que nos capacités peuvent grandir, il en devient un droit humain de première nécessité, pour les enfants de vivre dans des endroits qui créent cet état d’esprit de vivre dans des endroits plein de « bientôt ». Merci.
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