Donner des ordres à un enfant (ou à quiconque) n’est pas une solution
Catherine Gueguen évoque les ordres dans son livre « vivre heureux avec son enfant » :
« Quand on exige, commande, donne des ordres, on domine l’autre, on le soumet. L’autre n’a pas droit à la parole. On restreint sa liberté. Or la dignité de l’être humain, son désir le plus profond, est de pouvoir s’exprimer, de se sentir libre, de faire des choix.
L’idéal est d’être avec l’enfant comme nous souhaiterions qu’il soit avec nous. Nous n’aimons pas recevoir des ordres, lui non plus. Si nous lui donnons des ordres, soit il va se soumettre, s’inhiber et une partie de lui va s’éteindre, soit il va nous imiter. Il donnera des ordres à ses parents, à ses frères, à ses soeurs, à ses copains de classe. »
Retenons que les ordres sont une forme de soumission. Mais, comme les enfants, nous-mêmes, adultes ne faisons parfois qu’imiter nos propres parents ou notre environnement (comme nos chefs au travail…). Au lieu de casser la chaine de la soumission, nous consolidons de nouveaux maillons pour la rallonger et semer de nouvelles émotions négatives et du stress.
J’évoque ici la notion de transfert. Celui qui nous pousse à dupliquer un comportement pour éponger la frustration et le mal-être que nous avons ressentis lorsque nous les avons nous-même subis.
Les ordres sont à ranger dans la même catégorie que les menaces, les accusations, les chantages, les cris, les punitions, les humiliations verbales, physiques. Ils n’éduquent pas et sont très nocifs pour le développement du cerveau.
L’attitude pertinente :
Catherine Gueguen décrit l’attitude pertinente. Elle peut être difficile à mettre en place car elle n’auto-alimente plus nos croyances passées. Il est donc important de commencer par faire un point sur nos croyances et à les remettre en question. Ces expressions du type « ça ne marchera pas » ou « j’ai toujours été éduqué comme ça » ou bien « c’est le meilleur moyen de produire des enfants-rois » sont des réflexes mentaux d’auto-defense des croyances en place. Sachez les reconnaitre et les réfuter pour tester une nouvelle approche.
Voici des actions concrètes :
- accueillir ses émotions et les exprimer : pour cela, utilisez une phrase en employant le « je » : je suis inquiète quand je vois que … ».
- aider l’enfant à verbaliser ses émotions : son cerveau deviendra de plus en plus mature et il parviendra de mieux en mieux à gérer ses émotions (et les tempêtes émotionnelles). De plus, il sera de plus en plus empathique à son tour.
- éviter les questions qui commencent par « pourquoi ? » auxquelles l’enfant peut difficilement répondre (et elles peuvent générer de la culpabilité et donc des répondes biaisées). Préférez « qu »en penses-tu ? » ou proposez des choix.
- établir des règles AVEC l’enfant (plutôt qu’imposer des interdits)
- dans la même logique : dire ce qu’il doit faire et non ce qu’il ne doit pas faire.
- donner des repères en lui montrant l’exemple.
- lui proposer des choix : « préfères-tu ceci ou ceci ? »
- lui servir de modèle pour la gestion du stress et l’attitude bienveillante (gestes, regards, sourires, etc.)
- remplir le reservoir d’amour de l’enfant au moins une fois par jour.
- jouer avec lui autant que possible.
- passer au moins 10 minutes par jour exclusivement avec lui.
Au niveau du « background » des pensées : si nous ne considérons plus la vie comme une compétition où il y a des vainqueurs et des perdants, nous nous enlevons un énorme fardeau !
Et n’oubliez pas de cultiver la bienveillance envers vous (ce petit cahier peut vous y aider).
Les articles suivants vous aideront à avancer :
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Ressources pour gérer la colère chez l’enfant (et ses parents)
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Quelques suggestions pour ne plus céder à la violence dans l’éducation
Source :
« Vivre heureux avec son enfant » de Catherine Gueguen
Disponible sur amazon et dans toutes les librairies.
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Marre de ces discours culpabilisants où on nous dit que c est pas bien de s énerver, que c’est pas bien de donner des ordres, que c est pas bien de punir… On se croirait dans le monde des bisounours.
Une enseignante agacée
S’il existe une alternative non-violente et efficace dans l’éducation, pourquoi s’évertuer à pratiquer des méthodes qui vont à l’encontre des dernières découvertes en neurosciences ?
Je vous pose une question concernant votre expérience personnelle d’enseignante : Statistiquement, les élèves punis recommencent-ils ?
La bienveillance dans l’éducation implique des règles. Il ne s’agit pas de laxisme. Je vous invite à lire « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) » de Marshall B. Rosenberg.
Pour finir, je dirai que l’intention de Catherine Gueguen n’est pas de générer de la culpabilité, sans quoi elle ne proposerait pas de solutions.
Et j’en profite donc pour vous demander si vous souhaitez échanger plus longuement sur ce sujet. Je le ferai volontiers en compagnie des lecteurs du site.