Pourquoi supprimer « c’est pas grave » de notre langage…

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L’expression « c’est pas grave » est à supprimer de notre langage pour deux raisons simples (dont la deuxième est la plus importante):

  • on dit « ce n’est pas grave » (attention aux fautes de français)
  • cette expression n’aide absolument pas à aller mieux.

Pire, elle révèle un certain mépris pour les émotions d’autrui (ou les nôtres d’ailleurs), nous conditionnant à minimiser un ressenti pourtant légitime ou à carrément enfouir profondément mais pas indéfiniment nos émotions !

En fait, l’inefficacité de cette expression est expliquée par les neurosciences :

« Quand on exprime par des mots une émotion comme la colère ou la tristesse , son intensité diminue. Cette verbalisation permet en effet au cortex préfrontal (cerveau supérieur) de réguler l’amygdale (point principal du cerveau émotionnel dans le cerveau inférieur). » (via)

Ce qui est encore plus essentiel pour les enfants car leur cortex préfrontal n’est pas encore mature. Ils ont donc besoin d’être accompagnés afin de les guider vers la verbalisation.

 

Retenons que lorsque nous parvenons à poser des mots sur nos émotions désagréables et intenses, nous aidons notre cerveau supérieur à les réguler et parvenons ainsi à les traverser.

Le « c’est pas grave » envoie le message que les émotions ne sont pas recevables et qu’elles doivent être réprimées. Cette expression dégrade même l’estime de soi puisque les émotions font partie de nous. En les réprimant, nous nous déconnectons de notre moi.

 

Passons aux conséquence de la répression émotionnelle pour les enfants ou les adultes.

 

Les risques inhérents à la répression émotionnelle

Réprimer nos émotions peut avoir des conséquences néfastes sur notre bien-être mental et physique.

Sylvie Grivel, dans son livre « Être soi dans ses relations » les résume à travers 3 effets :

  • L’effet boomerang : l’émotion est transformée en tensions et maux physiques contre soi. La personne conserve son émotion pendant des semaines, des mois, voire des années, ce qui peut entraîner des maux physiques ou psychologiques.
  • L’effet ricochet : l’émotion non exprimée à une personne sera exprimée à une autre. Tout le monde connaît ce phénomène très classique qui consiste, par exemple, à reporter sa colère à la maison contre son conjoint ou ses enfants parce que nous avons quelque chose qui nous a mis en colère au travail. Le conjoint réceptionne la colère, la déverse lui-même auprès de ses enfants, qui vont la déverser sur le chien en lui hurlant dessus… donc sur une personne non responsable de la colère initiale.
  • L’effet bulle : à force de conserver pendant des heures, des mois, des années des émotions non exprimées, elles vont prendre de plus en plus de place et vont s’exprimer un jour de façon disproportionnée.

 

Comment écouter les émotions et faciliter leur expression?

Devant une déception, une tristesse, une colère, faisons preuve d’empathie, écoutons et facilitons l’expression émotionnelle d’autrui.

Je vous propose deux méthodes pour cela.

Méthode 1 : Les questions de l’ELFE

Dans son livre « Guérir le stress, l’anxiété et la dépression« , David Servan-Schreiber nous transmet une méthode pour pratiquer une « écoute avec le cœur » et aider les personnes de notre entourage submergées par leurs émotions.

Cette méthode est celle de Marian Stuart et Joseph Lieberman, psychothérapeute et psychiatre. Ils l’ont établie en observant des médecins qui avaient un don particulier pour l’écoute de leurs patients.

Il existe un moyen mnémotechnique pour se rappeler de la méthode : Les Questions de l’ELFE.

Les Questions de l’ELFE

Q pour Question : « Que s’est-il passé ? »

C’est la base de la connexion : demander ce qui est arrivé à la personne en face de vous. Posez cette question simple et laissez parler votre interlocuteur en l’interrompant le moins possible pendant 3 minutes. Ceci évitera que vous vous perdiez dans les détails. N’oublions pas que le principe de l’écoute avec le cœur est d’aider à gérer les émotions.

E pour Emotion : « Quelle émotion as-tu ressentie ? ». A ce stade, il sera peut-être nécessaire d’aider à la verbalisation en reformulant « en miroir » pour poser les mots qui représentent le mieux le ressenti. Vous trouverez les liens vers les outils nécessaires à cela à la fin de l’article.

L pour Le plus difficile : « Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi ?« . Cette question est efficace car elle permet à votre interlocuteur de se focaliser sur l’origine exacte de la souffrance.

F pour Faire face : « Qu’est-ce qui vous aide le plus à faire face ?« . Ainsi, l’attention est maintenant tournée vers les ressources pour sortir de cette épreuve. Cette étape est primordiale car la personne se concentre volontairement sur les solutions à sa portée. Elle entre en action pour régler son problème. En se substituant à quelqu’un pour lui trouver une solution, on ne l’aide pas à apprendre à s’appuyer sur ses forces.

E pour Empathie : « Je suis désolé de ce qui t’est arrivé. J’étais ému en t’écoutant.« .Exprimez avec des mots ce que vous avez éprouvé en écoutant l’autre.

 

Méthode 2 : la vasque

Je vous invite à découvrir une méthode présentée par Isabelle Filliozat dans son cahier de travaux pratiques pour apprendre à gérer ses émotions.

Etape 1 : Mise en condition

  • Videz votre tête de vos jugements. Concentrez-vous sur votre respiration.
  • Maintenant, regardez la personne que vous voulez aider pour vous « connecter » avec elle (via les neurones miroirs). Laissez émerger l’empathie.
  • Respirez profondément en ressentant ce que l’autre éprouve.

Visualisez à présent cette scène :

Imaginez que vous tenez une vasque dans laquelle la personne va déverser ses émotions, ses larmes, sa colère, des mots de haine ou de désespoir…Il est important d’imaginer que tout cela tombe dans une vasque en dehors de vous car vous risqueriez d’être top affecté pour continuer.

les serrures du coeur

Etape 2 : Amorce de discussion

  • enclenchez la discussion avec empathie : « Je vois que c’est dur pour toi » , « tu as l’air content. » , « j’ai l’impression que tu es triste… »
  • Si l’autre se ferme, n’insistez pas. Rassurez-le : « Tu es touché par ce que je t’ai dit et tu ne sais pas comment répondre, c’est difficile pour toi de m’en parler…« . Dites alors ce que vous ressentez : « Quand tu ne me réponds pas, je me sens triste et démuni, j’ai besoin de sentir le lien avec toi…« . Puis marquez un silence.
  • L’autre va parler. Ecoutez-le et encouragez-le avec des « phrases reflets ». S’il dit « Je te déteste », répondez « tu es en colère contre moi ». Ou émettez des sons comme « hum » , des « oui » ou faites des hochements de tête pour marquer votre totale attention sans l’interrompre. Evitez les « pourquoi », les reproches, les jugements, les réflexes d’auto-défense, etc. Facilitez son expression et guidez-le pour trouver et verbaliser le besoin derrière chaque émotion.

 

Pour compléter, vous trouverez des outils pour les enfants dans l’article suivant :

https://anti-deprime.com/2015/12/12/15-outils-astucieux-pour-aider-les-enfants-a-gerer-leurs-emotions-infos-utiles/

Comment libérer nos propres émotions si personne n’est là pour nous écouter ?

Lorsqu’aucune oreille empathique n’est à proximité et que nous éprouvons une émotion intense, ne prenons pas le risque de la minimiser ou de l’enterrer en disant « ce n’est pas grave ».

Nous pouvons au choix :

  • accepter ce que nous ressentons en respirant profondément (« ok, je suis triste »)
  • exprimer ce que nous ressentons en pleurant par exemple (en plus les pleurs évacuent les hormones du stress).
  • écrire ce que nous avons sur le coeur sur une feuille (ou au fil des jours dans un journal)
  • dessiner/peindre nos émotions
  • les accueillir en pleine conscience (voir ci-dessous avec un exercice proposé par Christophe André)https://youtu.be/jDYsHFOf2Us

 

 


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1 réponse

  1. marianna dit :

    Le subconscient n’enregistre pas la négation donc il enttend  » c’est grave ». Voilà , ce que j’ai retenue lors de mes lectures

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