L’art de (bien) se plaindre…

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« Une plainte est une protestation contre le malheur perçu, en tant qu’il est ressenti comme une injustice, une anomalie du destin. » nous explique Christophe André dans son livre « Vivre heureux ».

La plainte est initialement adressée à autrui, pour lui signifier que nous avons besoin d’aide face à une difficulté. Mais, elle peut aussi être interne, sous forme de rumination. Se plaindre est normal voire même bon pour la santé (à dose modérée). Le problème est que la plainte peut vite devenir une habitude, fort peu agréable pour les autres et pour soi. De plus, même si elle est proférée sur le ton de l’humour, elle est loin de véhiculer des émotions agréables… Voyons comment éviter de faire de la plainte un mode de communication permanent. Car, ne l’oublions pas, il s’agit d’un mode de communication malgré tout (et d’expression émotionnelle maladroite). 🙂

 

La plainte répétée a trois grands inconvénients :

  • elle victimise : à force de se plaindre, nous nous sentons persécutés par les autres, la société ou le destin (ou les trois à la fois).
  • elle induit la passivité et l’inaction face aux problèmes : l’attente constante de considération et d’aide extérieures bloquent toute volonté d’agir.
  • elle nous isole des autres. Car on ne peut réclamer constamment une écoute et écouter en même-temps. Or, les relations sociales se construisent et se solidifient par un savant échange d’attention, de stimulations intellectuelles et de marques d’intérêt.

Ces trois inconvénients majeurs s’auto-alimentent et forment un cercle vicieux. Heureusement, on peut en sortir.

 

Comment se passer l’envie de se plaindre ?

La prise de conscience est un premier pas essentiel. C’est ce que permet ce type d’article. Cette prise de conscience doit se faire sur un mode descriptif et non en s’auto-flagellant (ou en reprochant à autrui de tout le temps se plaindre car dans ce cas, l’accusation provoque la fuite ou la défense et un désir de représailles).

Deuxième pas : considérer les difficultés qui nous arrivent comme des problèmes à résoudre, et non comme des injustices qui nous frappent. Pour faciliter ce positionnement, je vous invite à prendre une feuille pour noter une de vos réussites. Cette remise en mémoire de votre capacité à trouver des solutions au-delà du problème est excellente pour le moral et permet de renforcer la confiance en soi.

Troisième pas : se rappeler que la plainte doit initier la résolution du problème, et non pas s’y substituer. Pour cela, il est judicieux de se poser des questions : « est-que me plaindre m’est utile ? » « Est-ce que cela me fait du bien ? » « Est-ce que cela pousse les autres à me réconforter ou à m’aider ? » « Dois-je commencer à me plaindre ou finalement ne pas m’y mettre ? » « Quand dois-je m’arrêter ? » « suis-je en train de chercher des solutions ? »Cette rationalisation du processus de plainte supprime l’envie…

 

Comment se plaindre correctement  ?

Nous l’avons dit, se plaindre un peu est normal, voire même bon pour la santé :

Une vaste étude de l’université allemande d’Iéna, menée auprès de 6 000 personnes, montre « chez les individus les plus ‘répresseurs’ (qui contiennent leurs émotions négatives) une accélération cardiaque, qui pourrait à la longue augmenter les risques d’hypertension ou d’ennuis » écrit le quotidien. D’autre part, « à partir du moment où l’on exprime sa colère, son ressentiment, on entre dans une logique de possibilité de changement, car râler, c’est demander un changement », explique au Parisien le psychiatre Michel Lejoyeux. (via)

Reste à se plaindre correctement, c’est-à-dire à éviter les plaintes toxiques.

Selon Christophe André, une plainte adaptée :

  • Ponctuelle
  • Prépare à la recherche de solution
  • Seulement lors des difficultés
  • Soulage
  • Tient compte de la disponibilité et des capacités d’écoute de l’interlocuteur.
  • Limitée (plainte sur les faits)

 

Une plainte toxique :

  • Chronique, habituelle
  • Se suffit à elle-même
  • Persiste longtemps après les difficultés
  • Ne soulage pas, voire même aggrave
  • Ne tient pas compte de la disponibilité et des capacités d’écoute de l’interlocuteur
  • Généralisée (plainte de destinée)

 

Partant de cette définition, nous pouvons rectifier nos pensées et nos actions.

 

Peut-on arrêter définitivement de se plaindre ?

La réponse est non. C’est une utopie. Mais on peut y parvenir, disons, à 95% (ok ce n’est pas une science exacte, pardonnez-moi cette approximation visant à marquer les esprits). Pour cela, il est nécessaire de s’entrainer et de remettre en cause nos croyances qui consistent peut-être à penser que la plainte est la seule manière de « changer pour mieux », de résoudre un problème ou de garder quelqu’un à ses côtés (jeux psychologiques)…

Pour arrêter de se plaindre, apprenons à manier…la communication non-violente, méthode créée par Marshall B. Rosenberg :

 

Marshall Rosenberg a construit la communication non violente (CNV) sur 4 bases : OSBD

O comme Observation

Observez sans faire de jugement de valeur et ne généralisez pas.

 

S comme Sentiment

Exprimez ce que vous ressentez, partagez vos émotions.

Vous trouverez une liste des émotions ici.

 

B comme Besoin

Derrière chaque émotion, se cache un besoin satisfait (sentiment agréable) ou insatisfait (sentiment désagréable).

Les besoins sont à la base de la CNV car “les jugements portés sur autrui sont des expressions détournées de nos propres besoins inassouvis”.

Les identifier, c’est s’inscrire dans une action réparatrice.

Voici les besoins les plus répandus.

 

D comme Demande

C’est la dernière étape de la CNV. Il s’agit d’exprimer une demande. N’attendons pas que les autres devinent nos besoins, exprimons-les. Ainsi nous évitons de porter des jugements hâtifs autant que faux sur ceux qui nous entourent.

 

On peut résumer ces étapes par cette phrase :

“Quand je vois [description du fait], je me sens [émotion ressentie] car j’ai besoin de [expression du besoin]. Je te demande [requête d’action visant à assouvir le besoin]. »

 

La CNV nous place comme acteurs de nos vies, nous aide à nous reconnecter avec nos émotions et nos besoins, développe notre empathie, nous oriente vers les solutions, instaure le respect mutuel, nous fait sortir des jeux psychologiques dangereux … bref, que du bonheur. 🙂

 

Je vous invite à écouter Marshall B. Rosenberg :

 

Lectures conseillées :

« Vivre heureux » de Christophe André

« Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) » de Marshall B. Rosenberg (18,90€ sur Amazon).

« Petit cahier d’exercices de communication non-violente » de Anne Van Stappen (6,90€ sur Amazon).

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