Ces parents qui usent de la culpabilité pour manipuler…

Voici un dialogue au téléphone entre Catherine (maman de Yvonne et Maxime) et sa mère.

Catherine : Je te propose de passer nous voir après l’école.

Sa mère : Yvanne rentre à 16 heures, tu as sûrement envie d’être un peu avec elle, alors je ne viendrai que vers 19 heures.

Catherine : Non, pas du tout, tu viens quand tu veux.

Sa mère : bon, je viens quand tu as besoin.

Catherine : De toute façon, je ne suis pas seule avec Yvanne, si tu viens plus tôt tu pourras être avec Maxime.

Sa mère : ah oui,  il y a Maxime aussi, alors tu veux que je vienne plus tard ?

Catherine : de quoi as-tu envie toi ?

Sa mère : je viens d’arriver chez moi, j’ai envie d’aller faire une balade dans le quartier, de me reposer et de venir ensuite.

Catherine : c’est d’accord, je comprends que tu aies besoin de ce temps. En revanche, si tu arrives à 19 heures, c’est un peu tard pour Yvanne, elle ne voudra pas aller se coucher à 19H30. Peux-tu être là à 18H30 ?

Sa mère : parfait. A tout à l’heure.

Quand chacun prend la responsabilité de

que se passe-t-il en moiCe dialogue que nous offre Isabelle Filliozat dans son livre « Que se passe-t-il en moi » est un exemple fabuleux des chemins que nous prenons parfois pour accéder à nos besoins en tentant de manipuler l’opinion d’autrui ou de lui suggérer des besoins/envies qu’il n’aurait pas…

La mère de Catherine a besoin de venir plus tard mais elle essaye de la convaincre que c’est l’intérêt de sa fille qui est en jeu, non le sien (« tu as sûrement envie d’être un peu avec elle »). Ceci crée des tensions car Catherine comprend que sa mère a d’autres intentions que celles qu’elle affiche mais a du mal à refuser car sa mère semble vouloir lui faire plaisir (culpabilité). Les « non-dits » s’installent et des émotions contradictoires menacent l’issue de la discussion.

Le déblocage se fait lorsque Catherine demande « de quoi as-tu envie toi ?« .

A ce moment-là, la mère expose son besoin en utilisant le « je » (alors que c’est le « tu » qui dominait jusqu’alors). De plus, comme elle exprime son besoin en décrivant la situation ainsi que ce qu’elle ressent, sa fille comprend et accède à sa demande de « venir plus tard ». Catherine énonce à son tour ses besoins relatifs à son organisation (« c’est un peu tard pour Yvanne ») et une solution commune est trouvée.

Voici une parfaite illustration de la communication non-violente de Marshall Rosenberg !

 

Ce qu’il faut en retenir 

Comme l’écrit Isabelle Filliozat, « certains parents excellent dans la culpabilisation, ils se positionnent en éternelles victimes et vous placent dans le rôle du méchant enfant.

Pour casser cette tendance et changer la teneur de vos rapports avec des parents qui pratiqueraient ce type de manipulation, commencez par vous écouter.

1) S’écouter

Que ressentez vous ? Quelle(s) émotion(s) s’allument sur votre tableau de bord interne. Une fois que vous avez identifié ces émotions, demandez-vous quels besoins ne sont pas satisfaits. Exprimez-le et formulez une demande qui répondra à ce besoin.

 

« Quand il se passe …, je ressens …. J’ai besoin de … donc je te demande …. »

Observer(sans juger), Sentiment, Besoin, Demande. OSBD.

 

2) Aider les autres à exprimer leurs besoins

Que ce soit par habitude (parfois transmise inconsciemment de génération en génération) ou par choix conscient, il est possible de lutter contre la tendance à la manipulation en montrant à nos interlocuteurs qu’ils ont tout à gagner en exprimant leurs propres besoins.

C’est ce que fait Catherine en demandant à sa mère « de quoi as-tu envie/besoin toi ? ». En les encourageant à exprimer leurs besoins, ils apprendront à mieux se connaitre et se simplifieront grandement la vie (avec des relations interpersonnelles saines). C’est un peu comme jouer une partie de carte où tout le monde révèlerait sa main et où la collaboration serait permise car il s’agirait de marquer le plus de points au total. Gagnant/gagnant.

Deux façons de procéder avec les enfants ou avec les adultes :

– en reformuler ce que nous entendons en y intégrant le vocabulaire des émotions et des besoins. Ce reflet leur permettra de considérer et d’ajuster les messages qu’ils adressent aux autres (et à eux-mêmes).

– en étant soi-même exemplaire face à eux. En communication non-violente, une seule personne formée est nécessaire pour influer sur le dialogue et rendre les échanges authentiques.

 

Ressources et outils :

– les 4 clés de la communication non violente

– outils pour exprimer les émotions (vocabulaire et cartographie)

– les besoins fondamentaux selon Marshall B. Rosenberg

– l’écoute bienveillante

 

 

 


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